Une stratégie nationale pour l’aérospatiale et ça urge
La semaine dernière, l’Institut du Québec a publié deux études sur l’industrie aérospatiale. La première explique le caractère stratégique de l’industrie aérospatiale dans l’économie canadienne et québécoise. La deuxième étude identifie les différentes formes d’aide à cette industrie et souligne l’absence d’une stratégie canadienne en matière d’aérospatiale. Les deux études sont l’œuvre de M. Alain Dubuc et sont commandées par l’Institut du Québec. Après une longue carrière comme journaliste économique à La Presse, M. Dubuc est maintenant professeur associé aux HEC Montréal. Il détient également une maîtrise en économie de l’Université de Montréal et il est conseiller stratégique à l’Institut du Québec.
Une industrie stratégique
M. Dubuc suggère qu’il est temps de changer de grille d’analyse afin d’établir les politiques économiques gouvernementales. Pendant près d’un demi-siècle, la création d’emploi et la lutte au chômage ont dicté les interventions économiques des gouvernements. Mais selon M. Dubuc, le vieillissement de la population et la pénurie de main d’œuvre viennent changer la donne. La pénurie de main d’œuvre reviendra malgré la crise de la COVID-19. Dans les années à venir, garder la création d’emplois comme objectif principal d’intervention sera contre-productif.
Il faut donc trouver de nouveaux critères pour définir les politiques d’intervention gouvernementale. L’étude de M. Dubuc propose la création de richesse et l’élévation du niveau de vie comme nouveau critère de référence.
L’analyse de M. Dubuc a permis d’identifier un total de 13 critères permettant de savoir si un secteur industriel est stratégique. Les trois premiers sont d’ordre général et constituent des critères de base : la taille de l’industrie, son potentiel de développement et sa résilience. Les sept critères suivants sont liés à la création de richesse : les exportations, l’innovation, l’investissement, la productivité, la qualité de la main d’œuvre, l’éducation et les effets structurants. Enfin, les trois derniers critères sont de nature contextuelle : l’aide de l’État, l’inclusion et la durabilité.
L’analyse de M. Dubuc conclut que l’industrie aérospatiale rencontre les critères d’une industrie stratégique pour l’économie canadienne.
Ottawa a une occasion d’agir
Au Québec, il existe un large consensus sur l’importance stratégique de l’industrie aérospatiale. La stratégie québécoise de l’aérospatiale a été mis en place à l’été 2016 et reprise par le gouvernement Legault en 2018. Pendant ce temps, le gouvernement fédéral a coupé le seul programme d’aide destiné à l’industrie aérospatiale; l’Initiative stratégique pour l’aérospatiale et la défense (ISAD).
Cependant, la présidente d’Aéro Montréal, Mme Suzanne Benoit, voit une opportunité pour le fédéral de se reprendre et d’agir vite; pour Mme Benoit c’est la création par Ottawa du Conseil sur la stratégie industrielle qui offre cette occasion. Ce conseil sera dirigé par l’ancienne présidente du mouvement Desjardins, Mme Monique Leroux.
Mme Benoit entend donc profiter de la création du conseil pour faire entendre les arguments en faveur de l’industrie aérospatiale.
Jusqu’à maintenant, le gouvernement canadien a agi avec rapidité pour mettre en place des programmes de soutien d’urgence. En fait, la majorité des Canadiens ont été surpris par la souplesse et la rapidité de l’État. Mais les programmes d’urgence ne peuvent durer éternellement, pour une relance durable il faut des programmes à long terme. Mme Benoit est d’avis que le temps presse et qu’Ottawa devra se décider avant la fin de l’été. D’ailleurs, elle constate avec satisfaction que le mandat de Mme Leroux est de 90 jours seulement.
Le Conseil sur la stratégie industrielle devrait donc avoir terminé son travail au début du mois d’août prochain, juste à temps pour mettre en place la transition des programmes d’urgence vers une stratégie à long terme.
Les absents ont toujours tort
Rien ne garantit que le gouvernement canadien ne placera l’industrie aérospatiale sur sa liste de priorité. Mais ce serait une grave erreur selon moi; l’absence d’une stratégie aérospatiale canadienne entrainerait les provinces dans une logique où c’est chacun pour soi. Dans cette situation, c’est généralement au plus fort la poche et les plus petites provinces en souffriraient. Pendant ce temps, le Québec et l’Ontario auraient toutes les chances de faire des gains au détriment des autres provinces.
L’absence d’une stratégie aérospatiale canadienne risque fort d’augmenter les inégalités entre les provinces pauvres et les provinces riches. Mais Ottawa ne disposerait alors d’aucun outil d’intervention efficace. De plus, les déficits budgétaires à venir restreindront la capacité du gouvernement de changer ses orientations en cours de route. Le gouvernement Trudeau doit donc s’assurer de faire les bons choix maintenant pour sa stratégie de relance industrielle.
La position du gouvernement québécois
L’industrie aérospatiale québécoise occupe une position stratégique tant au Canada qu’à l’internationale. Dans une situation de crise, les premiers à bouger sont ceux qui perdent le moins. Tout retard dans la mise en place d’une politique structurante risque de nuire à la grappe aérospatiale québécoise.
Le gouvernement Legault est favorable à l’industrie aérospatiale et elle devrait donc faire partie de sa stratégie de relance. Pour l’instant, Québec peut encore se permettre d’attendre de voir quelle forme prendra la stratégie canadienne. Mais au plus tard au début du mois de septembre, il faudra savoir où loge le gouvernement canadien. D’ici là, Québec devra passer à l’action si Ottawa ignore l’industrie aérospatiale.
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Le problème c’est que la grosse partie de l’aéronautique du Canada est basée au Québec. Le ROC n’aime pas trop nous aider, ce n’est pas l’industrie automobile ontarienne. De plus au Québec on chiale tout le temps quand Bombardier reçoit de l’aide alirs ça porte ombrage aux richesses créée par cette industrie
Le plus difficile pour établir une stratégie gagnante est de voir comment préserver tous et chacun de la chaîne d’approvisionnement sans pour autant payer des gens à ne rien faire, d’autant plus qu’on n’a aucune idée quand l’industrie reviendra à des niveaux de production acceptable.
On ne peut pas financer des fabricants pour produire des avions sans acheteurs, une des options pourrait être l’achat des avions militaires avec du contenu canadien, présentement il semblerait que le gouvernement penche pour des avions américains sans grands retombés pour nos industries aéronautiques.
Des suggestions ???
Avec l’arrivée du Sky Catcher, même le Twin Otter est dans la merde.
L’industrie aéronautique Cana finira en sous traitant tier 2. Il n’y a plus de maître d’oeuvre et c’est généralement une fin programmée comme l’industrie auto qui va toute finir au Mexique.
Quant la tête est coupée ça ne vie pas longtemps…
*SkyCourier