Une commande de C Series par Jetlines, pas sûr!
Voici quelques faits au sujet de Jetlines qui incitent à la prudence quant à ses intentions: le 12 septembre 2014, Jetlines annonçait la conclusion d’une entente avec Inovent Capital. Par une prise de contrôle inversée, la compagnie aérienne obtiendrait un financement de 50 millions de dollars par le biais d’une émission d’actions sur les marchés financiers. Le 11 décembre 2014, Jetlines signe une entente avec Boeing pour l’acquisition de cinq 737-7Max avec des options pour seize appareils supplémentaires pouvant être changés pour un certain nombre de 737-8Max. Le détail le plus important de cette commande est que la première livraison se fera dans le courant de l’année 2021. Cette décision paraissait un quelque peu étrange puisque Jetlines n’avait toujours pas conclu d’entente pour l’acquisition d’appareils à court terme alors que son objectif était alors de débuter ses opérations à l’été 2015.
La deuxième surprise qu’a causée Jetlines est survenue le 6 février 2015 alors qu’elle annonçait qu’elle mettait fin à l’entente qu’elle avait avec Inovent Capital. Surprenante décision, surtout que le prospectus préliminaire avait été complété le 19 décembre 2014. Inovent Capital a déclaré dans un communiqué du 16 février qu’elle poursuivrait Jetlines afin de faire valoir ses droits. La direction de la compagnie aérienne justifiait sa décision en disant qu’elle avait été approchée par un autre groupe d’investisseurs ayant une meilleure offre et que l’entente avec Inovent lui permettait d’y mettre un terme à ce moment précis. À l’été 2015, les deux parties en venaient à un règlement hors cour.
Le 19 février 2016, Jetlines annonçait qu’elle ferait une prise de contrôle inversé sur JetMétal corp, une compagnie d’exploration minière junior dans le domaine de l’uranium. Le président et chef de la direction de Jetlines, Jim Scott, a mentionné à la revue Business Vancouver, https://www.biv.com/article/2016/2/airline-one-many-companies-get-altitude-tsx-ventur/, son intention d’inscrire la compagnie aérienne en devenir à la bourse de Vancouver afin d’obtenir du capital de risque. Le 28 avril Jetlines et Jetmetal Corp concluent un accord définitif sur la prise de contrôle inversée.
Depuis mars de cette année, Jetlines mentionne qu’elle pourrait passer une commande de 24 à 40 C Series si le gouvernement canadien faisait passer la limite de possession étrangère à 49%. Cette affirmation nous laisse sceptiques, car la compagnie aérienne qui n’a encore jamais fait voler un seul avion dit qu’elle garderait sa commande de 5 B737-7MAX et ses options pour des B737-8MAX. Le CS300, qui a obtenu 247 commandes fermes est un compétiteur direct du B737-7MAX qui n’a reçu que 60 commandes fermes dont 30 de la part de WestJet et les 5 de Jetlines. À l’occasion, des transporteurs à rabais auront deux types d’appareils différents dans leur flotte afin de combler des besoins spécifiques comme c’est le cas pour JetBlue qui a des A320 et des E-Jets d’Embraer, mais la situation de Jetlines est très différente puisque les deux appareils ont des tailles et des rayons d’action similaires.
De toute manière, avant que Jetlines ne puisse réussir à mettre en service un premier C Series vers 2021 elle doit d’abord compléter son financement, obtenir son certificat d’exploitation aérienne de Transport Canada, faire l’acquisition ou la location d’avion-usagers, survivre à la guerre de prix que lui feront Air Canada et WestJet. Bref on est encore très loin de pouvoir célébrer le livraison d’un premier C Series à Jetlines.
André Allard/SL
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