Transat : situation et perspective
C’est le 30 juillet qu’Air Transat reprendra ses opérations avec un vol de Montréal vers Punta Cana. Le lendemain, ce sera un vol vers Cancún et le premier vol Montréal-Paris aura lieu le 5 juillet. Tous les appareils utilisés sont des A321LR et le taux de réservation semble au-dessus du seuil de rentabilité.
Maintenant que le plus gros de la crise est derrière, la direction peut s’atteler à la tâche. Les défis que devra relever Transat sont nombreux et voici mon évaluation de sa situation et de ses perspectives.
Première partie
Les finances
Le troisième trimestre de l’année fiscale de Transat se termine le 31 juillet ; ce trimestre est donc perdu et sera hautement déficitaire. Au trimestre précédent, la compagnie a affiché une perte de près de 100 M$. Pour le trimestre en cours, il faut plutôt s’attendre à une perte de l’ordre de 125 M$ à 150 M$ ; les frais liés à la relance des activités expliquent cette augmentation.
Transat dispose de plusieurs facilités de crédit, dont une 310 M$ servant à rembourser les passagers pour les vols annulés. La compagnie aurait reçu pour 350 M$ en demande de remboursement. Cette somme devrait donc s’ajouter à la dette existante de 200 M$ pour une dette totale 510 M$ au 31 juillet. Au trimestre suivant, la compagnie pourrait se prévaloir d’une autre facilité de crédit de 100 M$.
Curieusement, les liquidités de l’entreprise devraient avoir augmenté lors du trimestre en cours. La vente des forfaits pour les destinations soleil est forte et cela génère donc beaucoup de liquidité. Au 30 avril dernier, la trésorerie et les équivalents de trésoreries s’élevaient à 346 M$. Si les ventes sont bonnes, les liquidités augmenteront de 50 M$ à 75 M$. Cela pourrait être encore plus si les ventes dépassent les attentes. Au 31 juillet, la trésorerie devrait varier de 400 M$ à 550 M$. Elles continueront de monter encore au dernier trimestre fiscal pour se situer entre 450 et 600 M$.
Noter qu’au 31 octobre 2019, Transat avait en main 796 M$ en trésorerie. Mais à cette époque elle n’avait pas de dette.
La flotte
Air Transat est à compléter la transformation de sa flotte et elle compte actuellement 28 appareils actifs : quatorze A330, dix A321LR et quatre A321ceo. Les A330 d’Air Transat seront absents du ciel encore plusieurs semaines. D’ici la fin du mois d’août, seuls les A321LR seront utilisés. Pour le moment n’y a pas d’A330 à l’horaire sur Montréal-Paris en septembre. C’est une indication du niveau de la demande.
Grâce à l’A321LR, les premiers vols d’Air Transat auront une marge bénéficiaire. Mais hélas, les profits de ces premiers vols seront nettement insuffisants pour combler les frais et Transat connaîtra un autre trimestre déficitaire. Même si la demande devait exploser pour les vols d’ici la fin du mois d’octobre, la compagnie ne pourrait pas en profiter ; sa capacité à former des pilotes et à remettre des avions en service est limitée.
D’ici l’été 2023, Air Transat recevra sept A321LR de plus afin de compléter sa flotte. Ces 17 monocouloirs seront la colonne vertébrale d’Air Transat. On les verra sur toutes les routes selon les saisons. Leur taux d’utilisation sera nettement supérieur aux A330 et à ce qu’a connu la compagnie aérienne avant la pandémie.
Les A330 auront toujours leur utilité pour les longs vols et les périodes de haut volume. De plus, la crise à forcer le retrait d’un bon nombre de A330 ayant moins de 15 ans de service. Le loyer mensuel moyen pour ce long courrier a considérablement baissé depuis un an. Les transporteurs bénéficient donc d’un bon rapport de force afin de négocier les baux pour ajouter des appareils à leur parc. Les locations à l’heure de vol seront une avenue intéressante pour Air Transat.
Avec seulement deux types d’avions qui sont compatibles pour les pilotes, la compagnie aérienne a considérablement réduit ses coûts d’exploitation.
La concurrence
Le Sud
Dès le cet automne, Air Canada, Air Transat, Flair, OWG et Sunwing vont offrir des vols vers le Sud. À partir de l’hiver 2023-24, Porter sera aussi en mesure d’offrir des vols vers la Floride. L’État péninsulaire est la destination américaine la plus populaire à partir de Montréal. Pour plusieurs années encore, la compétition sera donc forte et les marges bénéficiaires demeureront faibles. La nouvelle PDG de Transat A.T., Mme Annick Gérard, devra donc suivre de très près les coûts d’exploitation.
Le marché intérieur
Air Transat désire également développer sa clientèle sur le marché des vols intérieurs. Mis à part les vols de positionnement, c’est une perte de temps et il n’y a pas grand-chose à espérer de ce côté. Surtout qu’avec l’arrivé de Porter l’an prochain, il y aura quatre compagnies sur ce marché ; c’est du jamais vu au Canada. À moins bien entendu que le voyagiste ne se joigne à l’une l’autres des trois grandes alliances aériennes.
Les vols transatlantiques
Les meilleures perspectives pour Air Transat se trouvent de l’autre côté de la grande marre à canard. Il faudra voir si les voyageurs sont impatients au point d’allers à Paris ou Londres en novembre prochain.
Les transporteurs à bas prix qui s’étaient aventurés sur le marché transatlantique avec de gros porteurs sont tous disparus. Pour le moment, TAP offre des vols Montréal-Lisbonne avec des A321. C’est donc la seule véritable compétition face aux A321LR de la compagnie montréalaise.
Au cours des 24 prochains mois, Air Transat va utiliser l’A321LR pour la relance de ses routes vers l’Europe. Pour atteindre le point d’équilibre entre les revenus et les dépenses sur un vol long-courrier, il faut un taux d’occupation moyen de 80 %. Dans le cas des monocouloirs d’Air Transat, cela représente 160 passagers. C’est tout de même 100 à 110 de moins que ce qu’il faut pour rentabiliser un A330. C’est une différence énorme qui donne une flexibilité pour le choix des routes à ajouter. Au cours des deux prochaines années, Air Transat sera rentable sur des routes où la concurrence sera déficitaire.
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Noter qu’au 31 octobre 2021, on n’est pas encore rendu !
À partir de l’hiver 2023-23 ???
Merci pour les deux coquilles j’ai corrigé.