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Plainte de Boeing contre Bombardier, pourquoi maintenant?

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Nous avons appris en fin de journée hier, en lisant l’article de Sylvain Larocque dans La Presse, que Boeing déposait une plainte de dumping à l’endroit de Bombardier.

 

Selon les allégations de Boeing, Bombardier aurait vendu ses C Series moins de 20M$ aux États-Unis alors que le coût de production serait de l’ordre de 33M$. Sans le mentionner, cette plainte fait référence à la commande d’avril 2016 pour 75 C Series par Delta Airlines. Dans les semaines qui ont suivi, le prix de vente de 25M$ à 28M$ avait circulé dans les médias spécialisés et Boeing aurait été en mesure de déposer sa plainte bien avant aujourd’hui si elle l’avait voulu.

 

La question qui nous vient alors à l’esprit est : pourquoi avoir attendu aussi longtemps? La réponse est simple, c’est que des rumeurs de commande de la part d’un transporteur américain ont recommencé à circuler depuis quelques semaines. En déposant sa plainte maintenant, Boeing poursuit un double objectif : dans un premier temps elle insécurise un éventuel acheteur qui se demandera si Bombardier sera en mesure de lui livrer les avions au prix promis. Le deuxième objectif serait qu’en mentionnant le prix de vente de moins de 20M$, Boeing espère peut-être faire croire que Bombardier est allé aussi bas pour Delta Airlines, semant ainsi la zizanie chez les acheteurs potentiels de Bombardier.

 

Un autre épisode dans la saga du C Series vient donc de s’ouvrir, mais comme la première livraison à Delta est prévue pour 2018, beaucoup d’eau va couler sous les ponts d’ici là.

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28 avis sur “Plainte de Boeing contre Bombardier, pourquoi maintenant?

  • BernardP

    Si je ne me trompe pas, comme Boeing accuse Bombardier de « dumping », ce dossier pourrait être semblable à celui du bois d’oeuvre. Des droits compensateurs temporaires pourraient être imposés sur les ventes de C Series aux USA en attendant le règlement du différend. Tout comme pour le bois d’oeuvre, c’est l’exportateur qui paierait les droits compensateurs. Est-ce que Bombardier serait prête à payer de tels droits compensateurs (remboursables si elle a finalement gain de cause) pour vendre à des transporteurs américains?

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    • André Allard

      Bonne question, mais comme aucune livraison n’est prévue aux USA avant 2018. les avocats auront le temps d’en débattre et de facturer d’ici là. Les clients de BBD ne sont pas les mêmes que ceux de l’industrie du bois d’oeuvre et les compagnies comme Delta va vouloir avoir ses avions au prix de vente signé. De plus Delta et Boeing ont un contentieux au sujet des programmes d’aide à l’exportation car selon Delta grâce à ce programme les compagnies étrangères payent leurs avions moins chères et viennent les concurrencer sur les routes internationales.

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  • Il se peut qu’il y ait plusieurs volets à cette histoire.

    La première est peut-être parce que Boeing cherche à avoir plus de soutiens du nouveau président. C’est bien d’avoir une visibilité de la part de la nouvelle administration.

    Peut-être c’est aussi un message d’avertissement aux canadiens de ne plus jamais dire que Boeing dump see avions, comme l’accusation de prix bradé du 737-700 à United.

    Peut-être c’est aussi pour semer la zizanie à Air Canada, « Regardez, vous payez bien trop cher vos CS300 alors que Delta a payé très peu cher. » Souvenez vous que Air Canada à préféré prendre des CS300 au lieu du 737-7 MAX alors que la compagnie aérienne avait déjà des commandes de 737-8 MAX.

    Finalement, c’est aussi un message clair aux Chinois avec leur C919. Il ne faut pas qu’ils s’amusent à dumper leurs avions aux USA ou en Europe.

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  • Nicholas

    Pourquoi maintenant ? Parce que l’administration à Washington y est favorable. Pas plus compliqué que ça. On a vu les dirigeants de Boeing se tenir près de l’administration Trump dans les derniers mois.

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  • Robert Mainville

    Il ne faudrait pas oublier le contexte politique protectionniste découlant des prises de position de Donald Trump comme facteur encourageant Boeing dans ses démarches.

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  • Faut pas oublier que Bombardier à de puisant appuis au USA. Le président de Pratt USA a donner fortement sont appuis a la Cserie dans différentes déclarations dans le passé. Sa la goûter bien des millions et des millions de dollars
    à Pratt pour développer le moteur du Cserie avec des versions similaires pour Airbus et autres fabriquants d’avions. La maison mère UTC a surement les yeux et les oreilles bien ouverts, pour faire en sorte que Pratt continue a vendre ces moteurs de la Cserie en quantitée.

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    • André Allard

      Louis soulève un très bon point: UTC a investie 10G$ dans les moteurs PWG auquel Boeing a tourné le dos, une victoire de Boeing voudrait dire un revers important pour Bombardier et UTC. En plus Delta à un contentieux avec Boeing à propos du programme américain d’aide à l’exportation dont ce sont prévalus biens des compétiteurs de Delta à l’extérieur des USA. Va y avoir beaucoup de compagnies qui seront représentés lors des audiences.

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    • Nicholas

      Mouais, n’empêche que la vache à lait du programme PW1000G sera le PW1100G (et du même coup le PW1400G) et de loin. Et Airbus assemblera des neo aux USA.

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  • Gros Minet

    Boeing a un bon argument. De façon stricte BBD a fait du dumping mais c’est de pratique commune dans l’aéronautique civil que de vendre un nouvelle avion à perte pour des raisons stratégiques notamment.

    En passant, c’est United qui cherche à acheter des Cseries. American remplace ses Mad Dogs par des 737-800 louer.

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  • Capitaine Scarlet

    Ce type de tactique est fréquent aux U.S. Beaucoup de grosses entreprises s’y emploient, Don’t panic dans les bambous. Cet un effet d’annonce. Ce qu’il faut comprendre ici, plus que jamais, c’est la réduction des coûts de fabrication par Bombardier. C’est la clé du succès de son volet Aéronautique commerciale. Il faut donc fabriquer à bas coûts. La question est de savoir où. Il y aura des pressions commerciales énormes auprès des fournisseurs de Bombardier pour que eux aussi ils délocalisent vers des pays à faibles coûts pour fabriquer leurs composantes. Et Bombardier ne pourra pas y échapper. Déjà l’Irlande y goûte ! La solution passe-t-elle vers le Maroc ? Vers la Turquie, l’Inde qui se sont montrés intéressés à développer une industrie aéronautique ? Connaissant la culture de partage des risques qui prévaut chez Bellemare, on peut également s’attendre à un partenariat (toujours le 3e larron manquant à la société de commandites de la CSeries et tel qu’il avait été prévu) afin d’accroître le pouvoir de négociation et la marge bénéficiaire sur les appareils vendus. Le coup de poker génial serait une co-entreprise avec Comac mais les Chinois sont trop fiers et sont dans une logique de complexe d’infériorité avec les Occidentaux: trop pris dans leur bulle de toute-puissance. Il reste Mitsu: deux petits appareils complémentaires aux CSeries mais à redresser et, surtout, des poches pleines ! À voir!

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  • Cela sent la panique car il ne faut pas oublier que le président a admit l’an dernier qui avait vendu à United des 737-700 à 22 millions uniquement pour bloquer le CSeries. Maintenant que United a changé d’idée en s’appercevant que même à 22 millions le 737 n’est pas l’avion qu’il lui faut, il fait sa plainte. La satisfaction de Swiss et AirBaltic commence a faire réfléchir les cies américaines. Boeing a vendu plus de 600 787 à moitié prix au début du programme. C’est pas pour rien que le programme du 787 a couté 32 milliards en tenant compte des rabais de lancement.

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    • Capitaine Scarlet

      En effet! D’autant que, lorsque Delta, et Air Canada, mettront à l’épreuve, en Amérique, des liaisons inédites, et payantes, avec des vols pleins, beaucoup de monde se mettront à imaginer des scénarios de nouvelles offres de liaisons avec ce que Boeing ou Airbus ne pourront offrir…Il y a des créneaux de production encore accessibles à moyen terme chez Bombardier. Ça représente de la valeur cet espace libre. Et l’occasion de se doter d’un avantage concurrentiel pour qui souhaite obtenir des avions dans 3 ans environ. Cette course aux créneaux de production disponibles risque d’être très intéressante! Autre raison de ce pourquoi Boeing réagit politiquement: tout faire pour ne pas perdre un client (américain?) parce qu’il ne peut rien livrer avant…euh…bon…quoi…disons avant 202? ?

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    • Normand Hamel

      « C’est pas pour rien que le programme du 787 a couté 32 milliards en tenant compte des rabais de lancement. »

      Ce chiffre ne couvre en fait que le D dans la R&D. Mais si on tient compte de la R également le chiffre dépasse les 50 milliards de dollars. C’est à dire environ le double de ce qu’a coûté le A380.

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  • François Bouchard

    Une chose crève les yeux et me dégoute au plus haut point c’est l’hypocrisie de Boeing et des Américains en général. Quand on sait que cette compagnie s’abreuve depuis toujours à la mamelle du gouvernement sous forme de contrats militaires à coup de plusieurs dizaines de milliards par annéee. Invoquer le soutient du gouvernement à Bombardier est ni plus ni moins INDÉCENT.

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    • André Allard

      Faudrait songer sérieusement à exclure Boeing à vie de tout contrat publique au Canada pour utilisation abusif de l’aide gouvernementale et des lois.

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  • Qui aurait cru que le célèbre analyste qui n’était pas tendre avec le CSeries avant la commande de Delta se révèlerait un allier face à la plainte.
    Provenant de l’article de cyberpresse. ‘Plainte de Boeing: Bombardier pourrait être secoué par des turbulences’

    ` Pour sa part, l’analyste Richard Aboulafia, de la firme américaine Teal Group, a estimé que la démarche de Boeing était erronée.
    À son avis, la CSeries n’a qu’un impact marginal sur la vente d’avions du géant américain. Il ajoute que l’argument de l’entreprise selon lequel Bombardier a vendu ses avions à des prix jugés agressifs ne tient pas la route étant donné qu’il s’agit d’une pratique fréquente dans l’industrie.
    M. Aboulafia a souligné que Boeing avait utilisé la même approche pour vendre son 787 Dreamliner à Air Canada.
    «L’impact de la CSeries sur (le portefeuille de produits de Boeing) est marginal, affirme-t-il. Tout cela est vraiment à propos de la commande de Delta.»
    L’analyste croit également que Boeing prend un risque en attaquant Bombardier puisque le gouvernement Trudeau s’apprête à acquérir 18 de ses avions de chasse Super Hornet afin de soutenir l’armée de l’air canadienne en attendant de remplacer toute la flotte de vieux chasseurs CF-18.’

    Et il a bien raison.

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    • Normand Hamel

      Non pas vraiment, car cet achat est lié au contrat des F-18 de la US Navy qu’a obtenu L-3 MAS à Mirabel. Ce contrat a d’ailleurs été octroyé quelques jours seulement après la visite de Trudeau à Washington.

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      • Normand Hamel

        Mon commentaire était sensé être précédé par la citation suivante: « Boeing prend un risque en attaquant Bombardier puisque le gouvernement Trudeau s’apprête à acquérir 18 de ses avions de chasse Super Hornet afin de soutenir l’armée de l’air canadienne en attendant de remplacer toute la flotte de vieux chasseurs CF-18. »

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      • Gros Minet

        Les 18 F18 sont là pour combler une urgence. Il y a un plus gros contrat qui n’est pas encore signer genre 50 avions.

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  • Il ne faut jamais sous estimer l’E-jet E2.

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    • André Allard

      Je te suggère de lire le texte de Reuters, car il semblerait que pour la commande de Delta, Boeing ce soit entendus avec Embraer afin d’offrir des B717 usagés et des E2-190 afin de bloquer la commande de CS series. Il me semble que c’est beaucoup d’efforts de la part de Boeing si elle ne ce sent pas menacée par le C Series. http://mobile.reuters.com/article/idUSKBN17U21I

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      • En fait, Boeing a accepté de racheter 20 Embraer E190 d’Air Canada pour vendre leur 737-8 MAX en 2013. Il faut donc il les replace. CE n’et pas forcément une chose facile.
        http://www.cnbc.com/2013/12/11/air-canada-to-buy-up-to-109-boeing-737-max-planes.html
        « The deal includes commitments, options and rights on another 48 planes as well as an agreement for Boeing to purchase up to 20 of Air Canada’s fleet of 45 Embraer E190 aircraft. « 

        Delta avait acquis des 717 de Southwest quand cette dernière s’est est débarrassé parce qu’elle ne voulait finalement pas changer la composition de flotte. Southwest avait récupéré les 717 quand elle a racheté AirTran.

        Il y a encore des 717 à replacer par Boeing et Delta a déjà des 717. Ça parait donc normal d’offrir des 717 à Delta en plus des E190 que Boeing avait récupérés d’Air Canada.

        Il ne faut pas toujours penser qu’il y a manipulation contre le C Series.
        Le C Series est un épiphénomène, l’importance pour Bombardier est maintenant de vendre de façon beaucoup plus ciblée. Il faut mettre l’effort à identifier les compagnies aériennes qui ont vraiment besoin de ce type d’avions. Ce n’est pas une tâche facile, J’accorde, mais c’est nécessaire sans quoi l’effort n’est qu’une agitation dans le vide.

        Il ne faut pas croire qu’une compagnie aérienne sait tout. Des fois il faut les aider à comprendre de nouvelle façon d’appréhender leur propre marché. S’approcher d’une compagnie aérienne est un effort de longue haleine. Une approche directe à la mode de vendeur de produit de beauté ne fonctionne pas forcément très bien. Ne croyez pas que je dis ça dans le vide. J’ai supporter le marketing et la vente d’avions long-temps.

        Je pense sincèrement que la stratégie et le tactique de vente et de marketing du C Series doit changer. Peut=être que la nouvelle équipe dirigeante va aider à le faire, mais j’ai des gros doute parce que je vois toujours les mêmes noms qui circulent au niveau plus bas. Comme je dis souvent, une armée efficace nécessite plus que de bons généraux, il faut aussi de bons soldats et de bons armements pour exécuter la stratégie définie.

        Une bonne stratégie sans bonne exécution est vouée à l’échec.

        L’ennemi du C Series est à l’intérieur. C’est le développement qui n’a pas été exécuté proprement, c’est aussi une stratégie de marketing pas assez axée au besoin du potentiel client mais plus axé à la « supériorité » du produit.

        On voit ceci du fait qu’on se focalisent sur le steep approach, l’opération transatlantique de LCY ou même ETOPS. Malheureusement, je dois dire que cela démontre l’inadéquation entre l’effort fourni et la réalité du marché.

        Les compagnie aérienne n’ont pas forcément besoin des gadgets. Il leur faut quelque chose qui marche, fiable et facile à opérer et à maintenir. C’est encore plus valide pour de petits coucous qui doit faire plein de rotations dans la journée.

        En tout cas, si certains anciens collègues à Montréal et à Mirabel lisent ce commentaire, ils comprendront.

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  • Doris Brassard

    Quand l’éléphant a peur de la souris…

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    • André Allard

      Au cours de 20 dernières années, Boeing a mis beaucoup d’efforts afin de contrer l’A320 avec les résultats que l’on connait et maintenant elle veut bloquer le C Series et l’A321NEO LR. Il est grandement temps que Boeing arrête de gaspiller ses énergies et son argent dans des batailles futiles et se mette à dessiner un nouveau mono couloir digne du 21e siècle. Remarquez qu’avec le coût astronomique du B787, on peu comprendre pourquoi les dirigeants de Boeing craignent tant un nouveau projet d’avion.

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      • Il ne faut juste pas publier que Airbus c’est un projet soutenu par les quatre plus puissantes nations d’Europe.

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  • Bombardier est impliquée dans l’économie américaine……environs (7000) employé-es….dans (17) États. De plus, bombardier dépense environs (3) milliards de dollars par année auprès de fournisseurs américains dans (48) États. Alors Boeing,combien d’emplois au Canada ?????? Déclaration de bombardier http://www.bombardier.com/fr/

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