Pascan Aviation a un plan viable
*Merci à Pierre Gillard pour la photographie du Saab 340B en vol
C’est en janvier 2017 que Yani Gagnon et Julian Roberts sont devenus propriétaires de Pascan Aviation. Les deux associés ont littéralement misé tout ce qu’ils avaient dans leur entreprise. Au Québec, vous ne trouverez pas deux investisseurs plus convaincus que le transport régional à de l’avenir. Les deux hommes étaient passionnés par leur projet et ils avaient avec eux une centaine d’employés aussi déterminés. La BDC et Investissement Québec sont les deux partenaires financiers depuis la relance.
Survivre à 2017
Parmi les actifs que MM Gagnon et Roberts ont racheté, il y avait 14 appareils, 11 Jetstream 32 et 3 King Air. Mais seulement 5 Jestream 32 étaient en état de navigabilité. Les deux PC-12 n’avaient pas été achetés, mais loués.
L’usure des Jestream 32 posait un énorme défi pour la survie de l’entreprise ; les cinq appareils devaient subir une inspection de niveau C durant l’année 2017. De plus, 7 des 10 moteurs arrivaient à la limite des heures de vol avant la remise à zéro. À elle seule, une révision moteur coûte environ 250 000 $ US l’unité. C’est à même ses marges bénéficiaires que Pascan a financé la remise en état de sa flotte. Elle est même parvenue à remettre en service deux autres Jetsream 32 de plus durant cette année pourtant très difficile.
Le plan de croissance
Une fois la stabilité financière de l’entreprise rétablie, les deux associés ont commencé à planifier l’avenir, car les Jestream 32 avaient déjà atteint leur limite de capacité à ce moment-là ; sur les courtes pistes, leur capacité était réduite de 19 à 14 passagers. La compagnie avait donc besoin d’avions plus gros afin de répondre à la demande.
Dans l’édition de janvier/février 2018 du magazine Air, j’avais rapporté leur intention d’acquérir des Saab-340B. Le programme de remplacement de la flotte de Jestream 32 par des Saab 340B n’a donc rien à voir avec la pandémie. Au printemps 2022, elle aura en main six Saab 340B d’une capacité de 33 passagers. Une fois la pandémie derrière nous, Pascan offrira un service de boissons et rafraîchissement à bord. Avec le nouveau parc d’avion, il n’est plus nécessaire de réduire le nombre de sièges disponibles. La compagnie garde deux Jetstream 32 pour des liaisons spécifiques comme le vol matinal Sept-Îles–Fermont.
Le plan d’expansion de Pascan Aviation repose donc sur des bases solides et qui était viable avant la pandémie. Pour peu que le transport régional reprenne, ce plan devrait encore être viable après la pandémie. La prochaine étape du plan de croissance prévoit la mise en service de deux Saab 2000 d’une capacité de 50 passagers chacun. L’autonomie de cet avion est de près de 1 500 miles nautiques. Pascan Aviation pourra alors débuter l’exploitation de vols à l’extérieur du Québec. Cependant, le Saab 2000 n’est pas certifié au Canada et il faudra un certain temps pour que cela soit chose faite ; les voies de Transports Canada sont impénétrables et il est difficile de prédire combien de temps prendra le processus de certification.
L’impondérable
Quand vient le temps d’analyser le plan d’affaires d’une entreprise, il y a toujours des impondérables qui sont difficiles à évaluer. Dans le cas de Pascan Aviation, la détermination des deux propriétaires et de leur l’équipe est un facteur important. La motivation de cette équipe est très élevée et cela leur permet d’affronter l’adversité et de franchir les épreuves. Enfin, tous les gens du milieu de l’aviation au Québec savent à combien Yani Gagnon et Julian Robert sont sympathiques. La personnalité des deux hommes a fini par rapporter, ils sont en bons termes avec plusieurs des intervenants du domaine. Le partenariat avec Air Canada n’est pas le fruit du hasard et d’autres annonces de cette nature sont à venir pour Pascan Aviation. Dans les mois à venir, l’entreprise sera alors au cœur de la relance du transport aérien régional au Québec.
>>> Suivez-nous sur Facebook et Twitter