OWG : origines et objectifs
Alors que la crise du transport aérien tire à sa fin, une nouvelle venue se pointe dans l’est du pays. OWG a pour objectif de bouleverser l’ordre établi et de tirer la qualité des services vers le haut. Pour bien comprendre cette compagnie aérienne, il est important de connaître ses origines. Par la suite, il devient plus facile de savoir où veut aller la petite nouvelle.
L’ADN d’OWG
OWG est une filiale à part entière de Nolinor aviation qui est en opération depuis près de 30 ans. Son président est Marco Prud’homme dont la famille est présente dans l’aviation au Québec depuis plus de 53 ans. Marco fait donc partie de la troisième génération dans l’aviation. Il est l’héritier d’une forte culture où le respect des engagements envers le client est non négociable.
Les débuts Nolinor
À ses débuts, Nolinor offrait des vols nolisés pour la chasse au caribou dans le nord du Québec et à l’île d’Anticosti. La compagnie exploitait alors des Convair 580 qu’elle bichonnait. Nolinor s’est diversifiée avec l’achat d’un premier B737-200 en 2005 et le deuxième a suivi l’année suivante. En 2007, la compagnie s’est lancée dans le service aux compagnies minières du Nord canadien. Lorsqu’un de ses B737-200 est affecté à un vol, il emporte avec lui une trousse de dépannage qui contient les pièces les plus susceptibles à un bris mécanique. Un mécanicien est également à bord afin de pouvoir faire les réparations sur les pistes isolées du Nord. De plus, la compagnie a toujours un deuxième appareil en état d’alerte prêt pour un décollage rapide au besoin.
Lentement mais sûrement, Nolinor a ajouté des clients à sa liste de sorte qu’aujourd’hui elle exploite neuf B737-200. Ils sont maintenant utilisés presque exclusivement pour les pistes en gravier. Ce sont des appareils ayant beaucoup d’heures de vol et de cycles. La compagnie gère maintenant les cycles afin de pouvoir maintenir les B737-200 en service le plus longtemps possible.
L’autre diversification
Nolinor recevait des demandes pour des vols vers le Sud, mais la distance franchissable du B737-200 limitait les possibilités. C’est en 2016 qu’elle a fait l’acquisition d’un B737-300 afin de combler le besoin. Cet achat lui permettait de se diversifier afin d’être moins dépendant des compagnies minières.
Au printemps 2019, Nolinor perd un de ses contrats miniers et se retrouve avec des B737 en surplus. Mais quelques semaines plus tard, tous les B737MAX sont cloués au sol et la demande explose littéralement. Au cours des 10 mois suivants, ses avions volent à la rescousse des compagnies aériennes dans le besoin.
C’est en 2007 que l’idée d’une diversification dans le genre d’OWG prend racine au sein de l’équipe de Nolinor. La crise du MAX a permis à l’équipe de valider son hypothèse.
OWG ou l’art de se démarquer
Gestion de la flotte et acquisition
À l’automne 2019, M. Prud’homme se met à la recherche de B737-400 usagés. C’est alors qu’il met la main sur un appareil de Flair Airways et en acquiert deux autres sur le marché. La stratégie d’acquisition de Nolinor a toujours été de se tourner vers des avions usagés. M. Prud’homme explique que l’achat d’avions neufs demande d’importants investissements en capitaux. Étant donné le plus faible taux d’utilisation des avions de son entreprise, l’achat d’avions neufs est impensable. De plus, il souligne que les compagnies aériennes modernes sont devenues des entreprises financières ; elles sont dirigées par des comptables qui se préoccupent surtout des chiffres et non du confort des passagers. Il constate une dégradation générale des services à bord. M. Prud’homme tient donc à éviter le piège de la croissance trop rapide et de l’endettement qui vient avec. Son objectif est une croissance lente et des acquisitions sensées qui permettent d’ajouter à la valeur de l’entreprise.
L’arrivée d’appareils plus récents et plus diversifiés permet à Nolinor de gérer sa flotte plus efficacement. Les B737-200 seront donc de moins en moins visibles dans la partie sud du pays. Après la mise en service du premier B737-400 d’OWG, la compagnie a reçu plusieurs demandes de nolisement. Mais encore une fois, la distance franchissable posait des limitations. C’est pour cette raison que la compagnie a fait l’acquisition de son 14e B737 qui est un 800NG.
Les B737-400 devraient donc être utilisés pour les vols vers la Floride, Cuba, la République dominicaine et la Jamaïque. Tandis que le 800NG sera surtout utilisé pour le Mexique.
OWG et la tradition de service
La qualité des services aux passagers se mesure de bien des manières : pour une jeune compagnie, la première épreuve survient souvent lors d’un premier problème mécanique ; le vol doit alors être annulé ou retardé de très nombreuses heures. Dans le cas d’OWG, la tradition et la présence de Nolinor derrière elle sera d’une grande utilité. Au départ de Montréal ou Toronto, elle sera en mesure de fournir un avion de remplacement rapidement. Si les problèmes surviennent dans le sud, le plus long retard serait d’envoyer un avion de remplacement. Mais, il y aura toujours un avion de disponible au pied levé.
Marco Prud’homme souhaite que le voyage en avion soit également des vacances de ses passagers. Il veut revenir sur la mission de base d’une compagnie aérienne qui est de transporter des gens, plutôt que de courir après une marge bénéficiaire. Les repas, le service et les divertissements à bord seront donc scrutés à la loupe. Accorder plus d’attention aux familles avec enfants devrait être la norme, pas l’exception.
Cuba sera de retour cet automne et d’autres destinations s’ajouteront. Mais l’entreprise préfère attendre avant de procéder à d’autres annonces, car il resterait quelques ficelles à attacher.
L’image de marque
OWG est très présente sur les réseaux sociaux afin de développer son image de marque. Cette stratégie peut sembler étrange puisque la compagnie ne vend pas de billets directement aux passagers. En effet, OWG fait du nolisement auprès des voyagistes et ce sont eux qui vendent aux clients.
M. Prud’homme explique la stratégie de la manière suivante : le développement d’une image de marque (le branding) prend du temps et c’est un investissement à long terme. De plus, les réseaux sociaux permettent d’atteindre beaucoup de gens pour une portion infime du coût. Il donne l’exemple du compte TikTok d’OWG qui compte 240 000 abonnés. Ils sont partout sur la planète et de tous les groupes d’âge. Le fait d’être déjà connu pourrait s’avérer utile lorsque l’entreprise sera prête pour de l’expansion : car l’objectif est de survire à cette crise et aux autres qui viendront. Mais ce qui est certain, c’est qu’OWG n’est pas un « low cost » et M. Prud’homme aime bien dire : « OWG c’est une compagnie High Love ».
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Pourquoi OWG ne s’est-elle pas donné un nom français ainsi qu’un slogan (High Love) attrayant pour sa clientèle majoritairement francophone ?
OWG occupe présentement les locaux et les hangars de la mythique compagnie Nationair. Elle ne semble pas avoir appris les rudiments de base pour connaître le succès auprès de la clientèle québécoise.
Elle bichonne ses appareils pour les contrats nordiques mais pas nécessairement pour les passagers francophones qui avaient l’habitude d’être gâtés par l’entreprise fondée par Robert Obadia.