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OTAN : chronique d’une mort annoncée

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C’est en 1949 que le premier traité de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord a été signé. Pendant 75 ans, il a assuré la sécurité par la collaboration militaire entre les signataires. C’est cette entente qui a permis à l’Europe et aux États-Unis de tenir tête au rideau de fer. L’élément le plus important de cette alliance militaire est la présence de soldats américains et canadiens en permanence sur le sol européen. Mais surtout, le déploiement de missiles nucléaires américains afin de maintenir un rapport de force face à l’URSS. Il est important de noter que de tous les pays membres qui ont des armes nucléaires sur leur territoire, seule la France a fabriqué les siennes.

Il est exact de dire que jusqu’à un certain point, presque tous les pays membres de l’OTAN se sont traînés les pieds en matière de budget militaire. Ils préféraient se fier sur les États-Unis, qui eux ne lésinaient pas sur la dépense. Les présidents américains successifs s’accommodaient très bien de cette situation, car cela leur donnait un énorme pouvoir d’influence sur les alliés afin qu’ils achètent du ricain. L’OTAN aura donc permis au complexe militaro-industriel des États-Unis de faire des affaires d’or. L’exemple le plus récent et le plus spectaculaire de l’influence américaine est l’annulation du contrat de sous-marins nucléaires que l’Australie devait acheter à la France et d’opter pour une solution à l’américaine. Ce qui signifie que même le paisible Joe Biden a réussi à se servir de son rapport de force afin de soutenir son industrie militaire.

Mais un contrat, une entente ou encore une alliance militaire, ne vaux jamais plus que la confiance qu’on les parties l’une envers l’autre, et ce, peu importe la qualité du texte signé. Or, le membre le plus important et le plus influent de l’OTAN n’est maintenant plus fiable et voici comment et pourquoi cette alliance va mourir.

La valeur d’un secret militaire

Le premier acte de la perte de confiance envers les États-Unis et son président actuel, c’est jouer en janvier 2021 loin des caméras. Après la cérémonie de passation des pouvoirs à Joe Biden, Donald Trump devait rentrer chez lui calmement et profiter de sa nouvelle retraite. Mais au lieu de cela, l’ex-président avait pris soin d’emporter avec lui à Mar El Lago, des dizaines et des dizaines de caisses contenant des documents classés « secret et top secret ». Si ce n’est qu’après la descente du FBI à l’été 2022 que le public en a pris connaissance, il y a fort à parier que la NSA, le SCRS, le MI-6 ainsi que la DGSE étaient au courant avant la fin de 2021. Personnellement, je serais curieux de savoir combien d’agents étrangers ont pris une carte de membre à Mar El Lago entre l’été 2021 et celui de 2022. En effet, pour accéder à ces documents, il suffisait d’être membre du club et de participer à un des « prestigieux galas » où Donald Trump était présent. D’ailleurs, ce dernier n’hésitait pas à se vanter à propos des informations secrètes qu’il possédait. Mais ce qu’il a de plus incroyable encore, c’est que cet ancien chef d’État n’ait jamais eu à subir de procès pour cette trahison et que rien ne l’ait empêché de briguer à nouveau la plus haute fonction du pays.

Cette histoire digne d’une république de banane s’est produite dans le pays qui a longtemps été considéré comme la plus grande démocratie au monde ainsi que la plus grande économie et la plus grande puissance militaire. Les services de renseignement alliés ont alors rapidement compris que pour Donald Trump, la valeur d’un renseignement concernant la sécurité des États-Unis ou d’un pays ami n’était pas plus élevée que le prix d’une carte de membre à Mar EL Lago.

Le retour de Donald Trump

Bien avant la dernière élection présidentielle chez l’Oncle Sam, les services de renseignement des divers pays membres de l’OTAN se sont activés afin d’évaluer la menace que son retour à la Maison-Blanche posait. Puis, ce qui semblait être improbable s’est produit le 5 novembre 2024. Il est alors très facile d’imaginer la multitude de breffages de sécurité qui se sont tenus au Canada et en Europe afin de bien comprendre ce qui s’en venait. On peut imaginer les chefs d’État, incrédules devant la menace à la sécurité que pose Donald Trump.

Bon, j’imagine qu’au lendemain du scrutin de novembre, plusieurs agents de renseignements ont renouvelé leur carte de membre à Mar El Lago afin de pouvoir suivre ce qui s’y passe. Je me plais à imaginer les espions surveillant à la jumelle l’arrivée des camions de livraison à Mar El Lago : « non pas de caisse de document dans celui-ci. Pas besoin d’aller subir une autre interminable allocution du président ce soir. »

La trahison

Après son assermentation, Donald Trump s’est empressé de mettre de la pression sur les pays membres de l’OTAN afin qu’ils augmentent leurs dépenses militaires. Il comptait sans doute profiter de cette occasion pour augmenter les importations américaines d’armement. Mais dans son esprit, le pouvoir d’influence se limite à mettre le poing sur la table et à intimider. Après quelques esbroufes mineures avec les alliés au sujet de l’OTAN, Donald Trump était sûr de lui et il n’a donc pas hésité à s’aligner avec Vladimir Poutine et la Russie aux Nations Unies dans une résolution sur l’Ukraine. Les dirigeants des pays de l’OTAN ont alors rapidement compris que la situation était grave et qu’un réalignement majeur devait se faire. Puis quelques jours plus tard, l’intimidateur en chef suspend toute l’aide américaine à l’Ukraine. En plus des livraisons d’armes et de matériels, le partage d’information stratégique a été interrompu ainsi que les mises à jour informatiques sur les F-16 donnés à l’Ukraine par des alliés. Pendant quelques jours, certaines capacités des F-16 Ukrainiens n’étaient plus disponibles dont le brouillage radar.

Le retrait du soutien à l’Ukraine et des mises à jour du F-16 est sans aucun doute la preuve la plus saisissante de la volonté de Donald Trump de venir en aide à la Russie au détriment de ses alliés. Ce dernier événement a galvanisé la détermination des pays européens à s’affranchir des États-Unis et de son matériel militaire. Qui veut prendre le risque de voir ses secrets militaires être divulgués en échange d’une carte de membre à un club de golf.

Les annulations de contrats

Le Portugal a été le premier pays à renoncer au matériel américain en annonçant le retrait du F-35 de la compétition pour remplacer ses F-16. Le lendemain, le premier ministre du Canada, Marc Karney, remet également en question le choix du F-35. Il y a fort à parier que d’autres clients des États-Unis annoncent l’annulation de leur commande de F-35. Mais la plus significative de toutes sera sans doute celle de l’Allemagne dont le pouvoir d’influence sur ses alliés est maintenant nettement supérieur à celui de Donal Trump.

Il faut savoir que le nouveau chancelier, Friedrich Merz, qui prendra bientôt le pouvoir, a toujours été hostile à l’achat des F-35. M. Merz est nettement en faveur d’achats de matériel militaire européen. D’ailleurs, Airbus Defence mènerait actuellement une campagne de lobbying afin de pousser le Typhoon version 4 à l’Allemagne. Présent sur la scène politique allemande depuis deux décennies, M. Merz a toujours été un farouche opposant de la politique d’apaisement avec la Russie d’Angela Merkel. Le copinage entre Trump et Poutine le préoccupe donc  au plus haut point. J’ajouterais qu’après deux ans de tergiversation, l’Allemagne accepte finalement de livrer des missiles de croisière Taurus à l’Ukraine. Bye Bye le pont de Kertch!

Le début de la fin

L’annulation de la commande de F-35 par l’Allemagne devrait donc marquer le véritable début de la fin pour l’OTAN. Après, les événements vont se succéder à un rythme rapide et ça va bouger en grand. Je sais que cela peut paraître invraisemblable, mais le 1e janvier 2026, l’OTAN n’existera plus. Ou du moins pas dans sa forme actuelle et sans les États-Unis. Et si vous n’êtes pas d’accord, alors expliquez-moi la logique de cette guerre tarifaire, du rapprochement USA-Russie, et se besoin impérialiste d’annexé le Canada le Groenland et le Panama? Plus le temps passe et moins les actions et paroles de Trump ont du sens.

Enfin, je conclurai en soulignant que lors de sa première allocation en France, le premier ministre Carney a prononcé le mot fiable à au moins deux reprises et c’est la même chose pour Emanuel Macron. Le mot d’ordre pour les dirigeants de l’OTAN est maintenant la recherche de partenaires fiables.

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7 avis sur “OTAN : chronique d’une mort annoncée

  • Vraiment triste ,ce qui encore plus triste est la propagande Américaine sous le contrôle du parti Trump, qui manipule une bonne parti d une populace ignare. Bien content de voir Mr Carney vas prendre les bonnes décisions pour ce qui est du F-35.Je l espère 🤞
    Vétéran de 42 ans d aviations militaires et civile

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  • Normand Hamel

    Il est de plus en plus probable qu’un accord soit signer prochainement dans lequel l’OTAN renoncerait à intégrer l’Ukraine. Il y aurait cependant moyen de contourner ce problème si l’Europe décidait de former sa propre alliance militaire dans laquelle l’Ukraine, et les pays baltiques notamment, seraient intégrés et qui serait appelée à terme à remplacer l’OTAN. Pour ce qui est des membres de l’OTAN à l’extérieur de l’Europe, comme le Canada et les États-Unis, ils pourraient devenir des membres invités de la nouvelle alliance et participer aux exercices militaires sans droit décisionnel autre qu’à titre consultatif. Pour ce qui est de l’OTAN elle pourrait être dissoute une fois que la nouvelle alliance serait devenue autonome.

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    • André Allard

      Je suis d’accord avec toi sur le résultat final d’une nouvelle alliance, militaire Européenne sans les États-Unis. Pour ce qui est du Canada, nous devons absolument trouver un moyen d’en faire partie. Depuis trois semaines, le gouvernement canadien a annoncé pour 22 G$ d’achat dans le domaine militaire et en rouvrant le contrat avec Lockheed avec en plus l’appel d’offres pour les sous-marins, cela fait beaucoup d’argent qui pourrait intéresser les européens.

      Pour ce qui est d’une possible entente ou l’Ukraine renoncerait d’intégrer l’OTAN, je crois que Zelensky refusera de la signer sans avoir une entente de défense avec les trois plus gros alliés que sont l’Allemagne, La France et le Royaume Uni.

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  • louis martineau

    C’est le Canada qui a convaincu les États-Unis adhérer à l’Otan au moment de sa fondation en 1949. Drôle de retour de l’histoire ou on pourrait bien assister au départ des États-Unis qui semble de plus en plus s’aligner sur l’idéologie socio/politique de la Russie en particulier. …https://x.com/louismarti17445/status/1903501707318903238?fbclid=

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  • louis martineau

    L’Union Européenne 449,2 millions d’habitants en 2024, est pas totalement démuni si elle décide de s’organiser militairement pour remplacer l’Otan, puisqu’ils ne pourront plus vraisemblablement compter sur les États-Unis, si on analyse les déclarations du président D.Trump pendant son mandat assermenter de janv.2025 à janv.2029. Prochaine élection nov.2028. Il a un parapluie nucléaire en France développer à 100% par ce pays, dont le président Français mentionnait en début 2025 penser a une extension directement dans certains pays européens en particulier l’Allemagne pour bien couvrir les 27 pays membres de l’Union Européenne. Plusieurs autres pays sont en attente d’y adhérer. La Grande-Bretagne qui a quitté l’Union Européenne en 2020 a aussi un parapluie nucléaire, mais son développement est américain et ils sont encore impliquer dans sa maintenance. …https://x.com/17445/status/1903581816793301064?fbclid=

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    • louis martineau

      On dirait que le gouvernement Français se pointe pour assurer le leadership d’un parapluie nucléaire pour les pays de l’Union Européenne et pourquoi pas pour certains autres pays de ce continent qui pourraient se sentir menacés par le désir expansionnisme du gouvernement Russe de Vladimir V. Poutine qui aura 73 ans le 07 octobre 2025. Faut surtout pas oublier le tragique cas de l’Ukraine. ..https://x.com/louismarti17445/status/1903914473821557077?fbclid=

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  • Humble avis d’un français (désolé personne n’est parfait)
    La France seule ne doit et ne peut prendre seule le leadership d’un parapluie nucléaire européen et encore moins étendu à notre ami Canadien.
    Les Anglais doivent retrouver une totale souveraineté dans ce domaine même si cela implique bien évidemment un effort qu’ils ne pourront pas concrétiser avant au moins une décennie.
    Les français pour leur part devront revenir à un niveau de type « guerre froide » avec a minima 6 S.N.L.E. NG (idem pour la Grande Bretagne avec missiles 100% anglais) et au moins 60 rafales F5 et/ou NGF SCAF des forces aériennes stratégiques plus un complément destiné à la
    Marine nationale tous équipés en A.S.N.4G.
    Dix ans également au bas mot
    En attendant, me direz vous, la planète entière devrait avoir des sueurs froides à l’idée qu’une seule ogive nucléaire n’explose…
    Oui mais certains dirigeants de ce monde semble s’en accommoder et en jouer sans plus de problème que cela.
    Question où commence et s’arrête la dissuasion française et/ou anglaise ?
    Si nous devons la repenser, l’elargir avec nos alliés qu’elles en sont les modalités ?
    Est ce que cela n’est pas déjà le cas ?
    Les intérêts d’un état souverain s’arrêtent ils aux frontières de celui-ci ?
    Bien malin celui-là qui peut répondre et c’est d’ailleurs le but d’un pays doté d’entretenir le doute, le principe même d’une dissuasion aux delà des mots, des frontières imaginaires, de nos plus grandes terreurs.
    Bien à vous

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