_GénéralAérospatiale

L’A380, victime collatérale de COVID-19?

Pour partager cette publication :

Alors que COVID-19 se propage, le nombre d’A380 inactifs est à la hausse, mais est-ce la fin de ce géant? 

Les faits

Hier, sur le site Airinsight.com l’analyste Richard Schuurman a dressé une liste des A380 inactifs. Il en a recensé 44 en date du 10 mars alors que la flotte mondiale compte à peine 240 appareils. Qantas Airlines a annoncé qu’elle en retirerait 8 du service jusqu’en septembre pour un total de 52 appareils hors-service. 

En général, les passagers adorent l’A380 car il est confortable et silencieux. Mais sa masse imposante en fait un avion difficile à rentabiliser même sur les liaisons les plus achalandées. À cela il faut ajouter un prix de vente réel se situant entre 220 M$ et 250 M$. Avec ce gros avion, tout est hors norme y compris le déficit d’exploitation lors des périodes creuses. 

Alors que l’assemblage du dernier A380 débutera bientôt, Airbus a reçu un total de 251 commandes fermes. À elle seule, la compagnie Emirates en a commandé 123 et 13 autres compagnies opèrent ce type. Avec de tels chiffres, il est facile de conclure à un échec commercial. 

La tendance qui s’accélère

Lors des périodes plus tranquilles de l’année, les compagnies aériennes n’hésitent plus à remiser des A380. Souvent elles profitent de l’occasion pour devancer les travaux de maintenance. Depuis 2018 à tous les printemps, Emirates retire deux ou trois appareils de la flotte pour quelques mois. Mais en ce moment, elle compte 10 A380 inutilisés. De son côté, Air France avait déjà pris la décision de se départir de tous ses A380. Air France a retiré un premier appareil en en janvier et elle en retirera deux autres d’ici la fin de l’année. La compagnie prévoyait retirer le dernier de sa flotte à la fin de 2022.

Comme on peut le constater, le remisage et le retrait complet des A380 par les compagnies aériennes avait déjà débuté avant le début de la crise du COVID-19. Or, une crise comme celle que nous vivons en ce moment est un accélérateur de tendance. Les compagnies aériennes qui songeaient à retirer leurs avions les moins rentables vont accélérer leur décision. Il faut donc s’attendre à ce que plusieurs autres A380 soient retirés du service au cours des prochains mois. 

La crise que provoque le COVID-19 sur le transport aérien est supérieure à celle du 11 septembre 2001. On ne parle plus d’un ralentissement de 10% ou 20%, mais bien d’une chute drastique de 50% de la demande. Lufthansa Group a déjà annoncé un retrait de sa capacité pouvant atteindre 50%. À partir de maintenant tous les scénarios catastrophe pour le transport aérien deviennent possible. 

La crise et après

Dans le contexte actuel, c’est la flotte mondiale de gros porteurs qui sera la plus affectée. Il faut s’attendre à ce qu’au moins 50% des long-courriers se retrouvent à l’arrêt au plus fort de la crise. Évidemment, les très gros porteurs comme l’A380, le B747-800, le B777-300 et l’A350-100 seront les premiers à être retirés. Ces gros avions seront également les derniers à reprendre du service. 

L’A380 aura été une déception commerciale pour Airbus, l’assemblage du dernier appareil est en cours à Toulouse. Comme il ne sera plus en production après la crise, plusieurs compagnies aériennes hésiteront à l’utiliser de nouveau. Le sort du roi des airs reposera alors sur celui d’Emirates qui en a commandé 123 en tout. Cette compagnie a beaucoup bénéficié de support gouvernemental ces dernières années. Maintenir une aussi grosse flotte de très gros porteurs entrainera un déficit abyssal. De douloureuses décisions devront être prises, COVID-19 pourrait bien mettre un terme à l’exploitation des A380. 

>>> Suivez-nous sur Facebook et Twitter

10 avis sur “L’A380, victime collatérale de COVID-19?

  • Guillaume

    Emirates fait une utilisation rentable de l a380 et ils font eux même toute la maintenance.
    Ils ne sont pas prêt de s en départir et en auraient repris si il n avaient pas été pris avec le contrat de maintenance de rr.

    Par contre pour les commandes de 787 et de 330 neo en attente chez Emirates ca sent le roussis.
    Le 330 neo va payer cher ce coronavirus…

    Répondre
    • André Allard

      La je doit vous reprendre: avant l’arrivée du COVID-19 « Emirates fait une utilisation rentable de l a380 et ils font eux même toute la maintenance. »
      Ce qui était bon hier ne l’est plus aujourd’hui. Rentabiliser des A380 avec un taux d’occupation inférieur à 80%, c’est à peu près impossible. Or avec COVID-19, la chute de fréquentation est brutale. on parle maintenant de 50%.

      Répondre
      • Tout le monde perd beaucoup d’argent depuis 1 mois, seul ceux qui ont les reins solides vont survivre… Une grosse vague de consolidation suivra le virus.

        Répondre
      • Guillaume

        Oui mais c est temporaire. Le covid n est pas la fin du monde…
        C est le 380 qui a fais le succès d Emirates.
        Il a été conçu pour eux, ils se sont organisés autour de cet avion.
        C est airbus qui a laissé tombé. Emirates voulaient un neo… Ils n ont pas d autre alternative sinon le 777x.

        Par contre pour tous ceux qui ont des micro flottes de 380 il est clair qu’ils vont tous s en débarasser le plus rapidement possible.
        Covid ou pas covid.

        Maintenant, échec, oui et non.
        Je n’ aurai pas fait d études en Aero sans le 380. Je serai probablement partis en informatique.
        Le concorde, le A380, TGV, ITER, le laser megajoule, Exomars… C est ce genre de projets qui font rêver et qui remplissent les écoles d’ingénieur et les iut.
        Ca coûte cher, c est pas forcément rentable, mais c’est jamais perdu a long terme :).

        Répondre
        • André Allard

          Excellent point pour l’exemple de Concorde et des autres projets structurants.

          Répondre
        • André Allard

          Par contre je suis moins optimiste sur les effets temporaires de COVID-19; il est vrai que les restrictions de vol seront temporaires, mais une fois que les activités reprendront, les passagers ne se bousculeront pas aux portillons. Dans le passé, il a fallu attendre 12 mois après le début d’une crise sanitaire pour voir le trafic revenir à la normale. Il ne faut également pas oublier qu’avant la crise du MAX, il y avait un léger surplus de capacité. Puis du jour au lendemain, 375 appareils ont été retirés du service causant une pénurie de capacité. La réalité c’est qu’avant le début de la crise du MAX, on se dirigeait vers un ralentissement de la demande en transport aérien en 2020. Là COVID-19 vient justement de faire cela, le ralentissement de la demande va durer des mois voir même une année. Les faillites et les annulations de commandes seront nombreuses tant pour Airbus que pour Boeing. L’avantage d’Airbus, c’est qu’elle n’a pas à recertifier la famille A320 et à se battre contre une opinion public nettement défavorable.

          Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *