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La saga canadienne du F-35 3ieme partie

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En 2022, le Canada choisira fort probablement le F-35 pour moderniser sa flotte d’avions de chasse. Cette décision sera alors l’aboutissement d’une démarche qui a débuté en 1997. Dans une série de sept textes, je vous présente un résumé de la saga canadienne du F-35 qui aura duré 25 ans. 

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La première décision

Les ententes signées dans le cadre du programme JSF permettent aux entreprises canadiennes de soumissionner auprès des donneurs d’ordre. Elles peuvent notamment décrocher des mandats de fabrication pour la cellule, les systèmes, les moteurs et les services connexes. Ces possibilités incluent des activités de fabrication et de service, de grands assemblages structuraux, de systèmes électroniques, de composites de pointe, d’usinage haute vitesse, de simulation et de formation, d’outillage, et de soutien. Cependant, les pays signataires doivent laisser tomber leurs politiques respectives de retombées industrielles s’ils désirent faire l’acquisition de chasseurs F-35. 

Avant la signature du protocole d’entente visant la phase de production, de soutien et de développement subséquent, la Défense nationale avait transmis des estimations aux ministres qui faisaient état de retombées variant entre 5,2 et 14,7 milliards de dollars US. En mai 2008, le gouvernement conservateur rend publique sa stratégie de défense « Le Canada d’abord ». Cette stratégie prévoit la modernisation des Forces canadiennes sur une période de 20 ans. À l’intérieur de ce plan, le gouvernement fédéral annonce son intention de remplacer la flotte des CF-188. Il est alors question de 65 avions de combat de la nouvelle génération. 

En 2009, la Défense Nationale présente une nouvelle estimation des retombées économiques afin de mousser la candidature du F-35. En décembre, des entreprises canadiennes ont quant à elles identifié la valeur des contrats potentiels du F-35 à 10,5 milliards de dollars US. Cette somme correspondait à 12 G$ CAN selon le taux de change de 2009 de la Banque du Canada. 

La première acquisition

En janvier, le projet des chasseurs de la nouvelle génération est approuvé à l’interne par le ministère de la Défense nationale et la phase officielle de l’analyse des options est lancée. Puisque c’est le F-35 qui est favorisé, il faut trouver un moyen légal de se soustraire à l’appel d’offres. TPSGC devait alors trouver dans le Règlement sur les marchés de l’État une exception valable. 

En juillet, le gouvernement Harper annonce qu’il fera l’acquisition de 65 aéronefs F-35 Lightning II. Cette acquisition sera faite sans passer par un appel d’offres. L’annonce représentait l’aboutissement de près de 13 ans de participation du Canada au programme JSF dirigé par les États-Unis. 

Puisque le Canada est partenaire du F-35, son coût d’achat des appareils est le même que les États-Unis. Mais Lockheed Martin n’avait aucune garantie à fournir au Canada quant au prix unitaire des F-35. De son côté, le gouvernement Harper estimait devoir débourser entre 70 et 75 millions par chasseur. Or, au même moment, le Danemark, qui était aussi partenaire du JSF révisait ses coûts à la hausse de 20 % soit, 89 millions d’Euros par appareil. Abonnez-vous gratuitement à notre chaîne YouTube en cliquant ici

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6 avis sur “La saga canadienne du F-35 3ieme partie

  • Nicolas

    Annuler ce contrat et aller en appel d’offres est probablement une des meilleurs décisions que le gouvernement Trudeau a prise à ce jour. Le F-35 de 2025 (date minimum du début des livraisons) est beaucoup plus mature que celui de 2015, plusieurs problèmes ont été réglé depuis. Une étude sorti en 2018 a démontré que 74% des F-35 livré à l’export jusqu’en 2024 sont obsolète et nécessiteront d’importantes mises à jour pour atteindre les performances promises.

    http://defensenews-alert.blogspot.com/2018/06/fully-74-of-export-f-35s-delivered.html

    Le prix devrait également être plus bas qu’en 2015 puisqu’à l’époque la production en était encore en LRIP (low rate initial production) contrairement à aujourd’hui où elle est à plein régime (156/année à partir de 2023). En 2015, le coût unitaire d’un F-35A était de 102 M$ usd (LRIP-9) contrairement à 78 M$ usd en 2021 (LRIP-14).

    À partir de 2022, le F-35 sera en FRP-1 (full rate production Lot 1), ce qui veut dire que la production sera au standard final et ne devrait plus nécessité de modifications majeures et les prix seront plus stable.

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      • Nicolas

        Oui, la Suisse n’a pas le prix « partenaire » et l’augmentation est du à l’inflation d’ici 2031, qui n’avait pas été calculé à l’époque, et celle-ci s’applique à tout le monde.

        N’empêche que le F-35 en Suisse était 2 milliards de francs suisse moins cher que le plus proche concurrent de l’appel d’offres (le Typhoon, le Rafale et le Super Hornet étaient les autres concurrents) sur 30 ans en tenant compte des coûts d’acquisition et d’exploitation.

        https://www.vbs.admin.ch/content/vbs-internet/fr/sicherheit/die-schweizer-armee/air2030.detail.nsb.html/84275.html

        « Le F-35A est également l’avion le plus avantageux de tous les fournisseurs au niveau des coûts d’exploitation. Les coûts globaux qui regroupent les coûts d’acquisition et d’exploitation se montent à environ 15,5 milliards de francs sur 30 ans pour le F-35A.

        La différence avec le deuxième candidat le moins cher est de l’ordre de 2 milliards de francs. »

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        • André Allard

          « Le F-35A est également l’avion le plus avantageux de tous les fournisseurs au niveau des coûts d’exploitation. Les coûts globaux qui regroupent les coûts d’acquisition et d’exploitation  » Pas sure pantoute!

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          • Nicolas

            C’est expliqué dans le rapport d’évaluation de l’armasuisse, le F-35A a besoins de 20% moins d’heures de vol que les autres candidat, ce qui fait baisser considérablement les coûts d’exploitation.

            https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/67602.pdf

            « Dans le cas du F-35A, il s’avère qu’environ 20 % d’heures de vol en moins sont nécessaires par rapport aux autres candidats. En revanche, le nombre d’heures de simulateur est comparable pour tous les candidats. Le nombre d’heures de vol plus faible coïncide avec les constatations de l’évaluation, et en particulier avec le fait que le contenu de l’entrainement est modifié grâce à l’utilisation très simple du système et à la supériorité de l’information du F-35A. Du fait du nombre d’heures de vol nécessaire et de la durée moyenne plus longue des missions d’entrainement, avec le F-35A il est possible de réduire d’environ de moitié le nombre de décollages et d’atterrissages par rapport à l’exploitation actuelle des F/A-18C/D et des F-5. La diminution du nombre d’heures de vol entraîne donc une baisse des coûts d’exploitation effectifs prévisibles devant être couverts par le budget de l’armée pendant la durée d’exploitation du PAC. « 

          • Nicolas

            et, très important, ce paragraphe, qui s’applique encore plus au Canada concernant l’obsolescense des autres candidats vs le F-35A:

            « Un grand nombre de pays utilisateurs et d’unités produites renforce la certitude de maintenir le niveau technologique des avions pendant toute la durée d’utilisation prévue de la flotte suisse. Avec les candidats comptant moins de pays utilisateurs et d’unités produites, le fabricant pourrait le cas échéant, dès le départ de quelques utilisateurs, limiter ou cesser son travail de développement relatif à la préservation des capacités des avions. Par rapport aux autres candidats, le nombre d’utilisateurs actuels des F-35A est le plus élevé. Il en va de même pour le nombre d’unités produites. Par ailleurs, la durée d’utilisation prévue au niveau international va au-delà de 2070. L’implication de nombreux utilisateurs permet en outre de réduire au maximum, dans le cadre du développement du F-35A, les répercussions négatives de la dépendance technologique. »

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