Des bios composites pour sauver le monarque
Au Canada le monarque est une espèce en voie de disparition. La chenille du monarque se nourrit exclusivement de feuilles d’asclépiade. Cette plante est une vivace indigène qui produit également une fibre que l’on appelle la soie d’Amérique. Les propriétés de cette fibre naturelle font en sorte qu’en plus d’attirer le monarque, l’asclépiade intéresse les chercheurs. Robin Dubé du Centre technologique aérospatiale s’intéresse au développement d’un bio composite à base de soie d’asclépiade. Il travaille en collaboration avec Carl Ouellet qui est professeur de chimie au Cegep Edouard-Montpetit et est le principal chercheur associé au projet.
Cela fait déjà quelques années que le CTA étudie l’utilisation de fibres naturelles dans les bios composites. Les deux chercheurs étudient la fibre d’asclépiade depuis quelques mois. Bien qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir voici quelques faits sur l’utilisation de la soie d’Amérique dans les bios-composites.
Les bios composites et l’avion-zéroE
Lorsqu’il est question de virage vert ou d’avion zéro émission, tous pensent à la propulsion de l’hydrogène ou électrique. Mais en réalité, la décarbonation de l’aéronautique est beaucoup plus large. Les impacts environnementaux des matériaux choisis et des méthodes de fabrication doivent être pris en considération.
La fabrication et la transformation de fibres naturelles consomment 80 % moins d’énergie que les fibres industrielles. Elles sont également plus légères et permettent donc une réduction de poids. Mais les fibres naturelles sont mécaniquement moins résistantes. Elles ne remplaceront jamais les fibres de verre et de carbone qui sont beaucoup plus résistantes. L’utilisation des bios composites en aéronautique est donc réservée aux pièces non structurales subissant peu de contraintes.
Les deux chercheurs ont déjà réalisé quelques moulages avec de la fibre d’asclépiade et poursuivent le développement.
Une fibre exceptionnelle
L’asclépiade produit des cosses, ou cocottes, dans lesquelles les semences sont attachées à une fibre de soie. Cette fibre contient beaucoup d’air et cela lui confère une légèreté unique. La soie d’Amérique a une densité inférieure à 0,3 gramme par centimètre cube. En comparaison, les autres fibres naturelles utilisées dans les bios composites a une densité de 0,8 gramme par centimètre cube.
La présence d’air donne à la soie d’Amérique d’excellentes propriétés isolantes et en plus elle est hydrofuge. Cette dernière caractéristique est importante car la présence d’humidité réduit la qualité d’un composite. De plus, ses qualités isolantes sont valides aussi pour les ondes sonores. La légèreté de l’asclépiade permet donc de produire des matériaux composites encore plus légers et plus isolants.
Un pari extrêmement payant
Pour MM. Dubé et Ouellet, l’utilisation de la soie d’asclépiade ne fait aucun doute. L’intérêt de l’industrie et du monde de la recherche est palpable. Mais il manque encore un coup de pouce pour que le développement d’une solution industriellement viable voie le jour.
La première entreprise en aérospatiale qui choisira d’investir dans l’utilisation de l’asclépiade y trouvera son compte de bien des manières : d’abord parce que des panneaux de finition intérieur en Bio composite seraient plus légers et auraient donc une valeur ajoutée. De plus, cela améliorerait le bilan carbone du fournisseur et de L’avionneur. L’amélioration de l’isolation thermique et sonore offrirait plus de confort aux passagers. Enfin, l’expansion de la culture de l’asclépiade viendrait en aide à la survit du monarque.
Pour en savoir encore plus sur la fibre d’asclépiade
De bon vêtements d’hiver
La firme Dryad produit un mentau d’hiver en utilisant la soie d’asclépiade pour le matériel isolant. Selon le président de Dryad, M. François Simard, la fabrication d’un manteau résistant à -30º n’utilise que 200 gr de fibre pour l’isolant. Le résultat est un parka nettement plus léger et qui résiste également à l’eau.
D’autres utilisations sont à l’étude dont la fabrication de soutient gorges et de bottes d’hiver.
La culture et la transformation
Au Québec, c’est la Éko-Terre qui achète et transforme la fibre d’asclépiade. Le directeur général d’Éko-Terre, M. Ghyslain Bouchard, connaît bien le rendement de cette fibre. Il explique qu’une fois semée, l’asclépiade prendra trois ans avant de produire suffisamment de cocotes pour une première récolte. Puisqu’il s’agit d’une plante de sol pauvres, un agriculteur peut utiliser ses parcelles les moins productives. La durée de vie de la plante est d’environ 12 ans. Cette culture s’organise très lentement alors que certains producteurs font maintenant des récoltes semi mécaniques.
Le rendement varie beaucoup en fonction de l’organisation de la production. Mais une récolte de 600 kg à l’hectare est une moyenne raisonnable. Une fois récoltée, la fibre doit subir quelques traitements mécaniques afin de la séparer des semences et de réduire sa teneur en humidité. Une fois traitée, la fibre est commercialisée sous le nom Vegeto qui est une marque de commerce déposée.
Selon M. Bouchard, L’arrivée d’une grande industrie qui utiliserait la fibre d’asclépiade serait une bonne chose. Cela permettrait de donner le coup de pouce nécessaire afin de structurer la culture et la récolte. De plus il souligne que la culture à grande échelle n’enlèverait pas de terres actuellement utilisées pour nourrir les gens. En fait, la culture de l’asclépiade permet de récupérer des terres peu productives ou sous utilisées.
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Très instructif ce post.
Excellent exposé sur l’utilisation de cette plante qui est aussi nuisible pour certains cultivateurs!
Jamais un papillon n’a volé aussi haut!
la coopérative monark est a l`origine de cette culture il serait bon de le mentionner dans vos article et elle est bien en vie. Pour votre information c`est la quatrième année que la récolte est valable. merci
philippe
Merci pour le supplément d’information que je ne possédait pas.