Bombardier Défense cible trois contrats

La décision de Bombardier d’ouvrir une division défense l’an dernier ne s’est pas prise au hasard puisque plusieurs contrats importants sont à venir. Je vous en présente trois avec quelques explications. 

Le remplacement des CP-140 Aurora

Au printemps 2022, tout indiquait qu’il n’y aurait pas d’appel d’offres alors que Boeing était seule en lice avec le P-8A Poséidon. Il était minuit moins une minute lorsque Bombardier a manifesté son intention de présenter une offre au gouvernement canadien pour le remplacement des avions de patrouille maritime. Dans un pays normal, les députés du parti au pouvoir se seraient rapidement prononcés en faveur du fabricant national. Mais le Canada n’étant pas un pays comme les autres, les députés libéraux se sont cloîtrés dans un silence de pleutre. Rien de surprenant puisque la plupart du temps, lorsqu’ils est question de défendre les intérêts des compagnies d’ici face à nos voisins du sud, les libéraux ont pour fâcheuse tendance d’imiter le comportement du dollar canadien face à la devise américaine : ils ont une forte propension à plonger et les redressements sont rares et courts. 

Jusqu’à tout récemment, j’étais plutôt pessimiste sur les chances de Bombardier d’obtenir un appel d’offres comme elle le demande. Mais plus le temps passe et plus la balance penche en sa faveur ; si le gouvernement canadien avait voulu donner le contrat à Boeing sans appel d’offres, il aurait pu profiter de la période des vacances pour le faire. Surtout que cette année, le blocage de Meta accentue le silence médiatique estival. S’il ne se passe rien d’ici la rentrée, c’est une excellente nouvelle pour Bombardier. Notez que ce contrat porte sur 14 ou 16 appareils et c’est le Global 6500 qui est la plateforme.

Le programme HADES

Les États-Unis veulent remplacement leur flotte de 60 turbohélices servant de surveillance et de reconnaissance aérienne. HADES signifie High Accuracy Detection and Exploitation System: il s’agit de systèmes de détection électroniques servant à fournir du renseignement pour les troupes au sol. À l’heure actuelle, une entreprise privée du nom de Leidos utilise deux Challenger 650 comme plateforme de démonstration de la technologie. Le consortium Mag Aerospace L3 Harris est le maître d’œuvre qui utilise le Global 6500.

Dernièrement, le consortium MAG Aerospace L3 Harris a remporté le contrat du programme ATHENA-R qui constitue la première étape de la transition vers le programme HADES. Or, l’offre de MAG utilise également le Global 6500 pour ATHENA-R. C’est au premier semestre de 2024 que le contrat final sera accordé. Disons que ça regarde bien pour la suite avec un potentiel de 16 appareils en commande.

Le remplacement des E3 EWACS de l’OTAN

L’OTAN a lancé le processus de remplacement de ses avions de surveillance E-3A AWACS. Boeing propose le l’E-7 qui est en fait un B737NG modifié et c’est Northrop Grumman qui fournit une bonne partie de l’équipement électronique sur cet avion. Boeing en a déjà vendu 26 à la US Air force, 5 à la Royal Air Force, 4 à l’Australie ainsi que 4 à la Turquie. 

La Suède offre le Globaleye qui utilise le Global 6000, c’est l’avion sur la photo à l’entête de cet article. Les Émirats arabes unis en ont commandé 5 dont trois sont déjà en service, l’autre client est la Suède qui en a commandé 2. L’arrivée de la Suède au sein de l’OTAN donne de gros espoirs à SAAB. Un fort sentiment antiaméricain dans l’OTAN et dans toutes l’Europe conjugué à un effort diplomatique soutenu de la part des élus suédois pourrait bien avantager SAAB. Je souligne qu’encore une fois, à Ottawa on va faire discret. Bombardier doit donc s’en remettre aux efforts d’un gouvernement étranger. La commande pourrait atteindre 14 appareils. 

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