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Boeing et la bouillie pour les chats

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Suite à la volée de bois vert qu’elle a reçu de toutes parts, Boeing a lancé une nouvelle campagne publicitaire pour redorer son blason et faire valoir à quel point elle est un bon partenaire pour le Canada.

 

Les publicités expliquent que Boeing emploie 2 000 personnes au Canada et qu’elle achète pour près de 4 milliards de dollars de fournisseurs canadiens. Mais à ce que je sache, personne chez Boeing ne s’est levé un beau matin en disant : « le Canada est un grand et magnifique pays et nous devrions y investir, car les Canadiens sont si gentils ».

 

En fouillant dans le passé, on découvre qu’en 1986 Boeing a fait l’acquisition pour une bouchée de pain de De Havilland Canada des mains du gouvernement canadien en promettant de garder en production les deux avions qui y étaient assemblés. Mais à peine quelques mois plus tard, Boeing a mis un terme à la production du DH-6 Twin Otter et du Dash-7 et s’est empressée de détruire tout les gabarits de production, poussant l’entreprise à la faillite deux ans plus tard. En agissant ainsi, Boeing n’a pas hésité à mettre ses intérêts au-dessus de ceux du Canada et de son industrie aérospatiale.

 

En réalité si Boeing fait des affaires au Canada, c’est que cela est bon et rentable pour elle. Par exemple ; quand en en janvier 2015 Héroux-Devtek a ravi le contrat de fabrication du train d’atterrissage du B777 de l’américaine UTC, c’est parce que l’offre de la compagnie canadienne était la plus basse, un point c’est tout. En faisant affaire avec des entreprises canadiennes, Boeing tire avantage du traité de libre-échange qui lui permet d’être plus efficace. Mais en déposant sa plainte contre Bombardier et le C Series, Boeing tente d’empêcher les compagnies aériennes américaines, qui sont également ses clientes, d’utiliser ce même traité de libre échange pour magasiner un meilleur produit ou des prix plus bas au Canada. En agissant ainsi, Boeing démontre qu’elle considère ses intérêts plus importants que ceux des autres.

 

Année après année, Boeing se classe parmi les 15 entreprises américaines ayant reçu le plus de subventions ou d’aide financière ou fiscale de la part du gouvernement américain et des États où elle a des sites de production. Mais en déposant sa plainte contre Bombardier, elle tente d’empêcher que ses compétiteurs aient accès aux mêmes avantages et place encore une fois, ses intérêts au-dessus des autres.

 

Considérant que Boeing fait toujours passer ses intérêts avant ceux des autres, son discours sur l’industrie aérospatiale canadienne n’est que de la bouillie pour les chats.

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9 avis sur “Boeing et la bouillie pour les chats

  • Nicholas

    Concernant les trains du 777 par Héroux-Devtek, il n’y a pratiquement rien de fait au Canada.

    Une bonne partie des contrats que Boeing octroie au Canada proviennent de l’obligation de contenu minimum canadien lors de l’obtention de commandes militaires (les Chinook et les C-17 par exemple). Donc souvent c’est également par obligation.

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    • André Allard

      Dans les cas du B777, plusieurs sous-traitants nord américains travail pour Héroux-Devtek, une bonne partie de l’assemblage est faite en Ontario à la nouvelle usine de Cambridge. L’usine de Kitchener est également mise à contribution et l’assemblage finale est fait tout près de l’Usine d’assemblage du B77 parce qu’Héroux-Devtek voulait épargner sur les frais de transport des énormes trains d’atterrissages du B777. En fait le gouvernement Ontarien y est allé d’un investissement de 7 millions pour aider Heroux-Devtek et cela ne semble pas déranger Boeing qu’Héroux-Devtek soit subventionnée.

      Je comprend ton point Nicolas, mais au bout du compte, si Héroux est canadienne les profits reviennent au Canada alors c’est un achat au Canada

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    • « Une bonne partie des contrats que Boeing octroie au Canada proviennent de l’obligation de contenu minimum canadien lors de l’obtention de commandes militaires. »

      Un autre exemple est l’usine GE à Bromont qui a été obtenue grâce au contrat des CF-18, qui sont équipés de moteurs GE. Je crois que les moteurs des CF-18 sont réparés dans l’ancienne usine Orenda à Toronto, tandis qu’à Bromont on y fabrique des pièces pour le CFM56 et maintenant pour le LEAP aussi.

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  • Claude Beauchemin

    Boeing fait aussi de la publicité à Londres et les critiques venant du Labor Party sont pas très flatteurs!

    ”The Chicago-based company on Tuesday took out a wraparound advert in London’s Evening Standard newspaper featuring a picture of a Chinook helicopter hovering over Stonehenge, and has also erected a giant billboard in Westminster subway station, which many lawmakers pass through on their way into the Houses of Parliament.

    « We are absolutely coming at Boeing, » Gardiner said. ”All the advertisements, all the front covers of the evening newspapers in London that they’ve put on are not persuading anybody other than that they’re playing dirty. »
    https://www.therecord.com/news-story/7608680-boeing-a-subsidy-junkie-u-k-s-labour-party-says/

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  • Boeing avait surement pas prévu que les squelettes de son placard seraient activer par les médias surtout américain. Si je serais PDG de Boeing,je songerait sérieusement a une retraite avant d’y être forcer. Bombardier pourrait-il lui offrir un job
    à son atelier de peinture. Ce PDG pourrait continuer à ce peinturer dans le coin comme on dit.

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  • Serge Beauchemin

    Bombardier devrait à son tour se payer une campagne publicitaire aux USA pour faire savoir clairement son implication dans l’économie américaine.

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  • La publicité donne l’impression d’un ultimatum. Si vous n’achetez pas les F18, nous allons être moins généreux. En fait quand le Canada achète du matériel militaire comme les C17, Boeing doit selon le contrat acheter au Canada. Boeing ne peut donc pas réduire ses activités ou achats au Canada en guise de menace. Si on achète des rafales on aura les retombées de ce dernier et on continuera à avoir les retombées des achats précédents à Boeing.
    Lorsque Boeing vends des avions à Air Canada et à West Jet, est ce qu’il y a des retombées incluses dans l’entente. On voit souvent des interventions gouvernementales lors de signatures d’ententes. Parfois c’est pour du contenu ou des droits d’atérissages.

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  • BernardP

    Hilarante photo en haut de cette page!

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