Aérospatiale

Boeing a la meilleure offre pour le Canada

Pour partager cette publication :

En 2022, le gouvernement canadien devrait faire son choix pour le remplacement des CF-188 Hornet de Boeing. Cette commande est probablement la dernière pour des avions de chasse avec pilotes. L’avion choisi sera en opération pour les 30 ou 40 prochaines années. Faire le bon choix maintenant est essentiel, car les conséquences financières de cette décision se chiffre en dizaine de milliards. Choisir le mauvais avion pourrait facilement faire doubler la facture. Voici pourquoi selon moi, le F/A-18 Super Hornet est la meilleure offre pour le Canada.

Pour en finir avec la plainte de dumping 

Depuis le dépôt de la plainte de dumping contre Bombardier et le C Series, le nom de Boeing fait rager bien des Québécois. C’est tout à fait normal puisqu’elle était injustifiée, voire même ridicule. En 2018, le département américain du commerce a d’ailleurs statué qu’il n’y avait pas matière à pénalité. 

Depuis ce temps, le mot d’ordre de plusieurs au Québec est jamais plus Boeing. Or, cette attitude risque de causer du tort à l’industrie aérospatiale canadienne et québécoise. Boeing compte 1 500 employés au Canada et achète pour 2,3 G$ auprès des entreprises d’ici. Héroux-Devteks en est un excellent exemple alors que ses livraisons annuelles au géant américain sont à près de 100 M$. L’industrie aérospatiale est une industrie globale et la grappe québécoise en fait partie. Si Boeing devait cesser toutes ses opérations demain matin, des milliers de personnes au Québec et au Canada perdraient leur emploi. 

Il est tout à fait légitime de vouloir faire payer le prix à Boeing pour l’affront de 2017. Mais il est important de savoir doser la réplique afin de ne pas se tirer dans le pied. Forcer l’entreprise à de plus grandes retombées économiques au Canada est sans doute un bon moyen d’y arriver. 

Les retombées économiques

Boeing offre des retombées économiques de 60 G$ pour le Canada si le Super Hornet est choisi. En 2018, le fabricant avait approché L3 Harris afin de faire assembler les chasseurs canadiens à Mirabel. Mais c’est L3 Harris qui a décliné l’offre préférant se concentrer sur l’entretien. Si le F/A 18 Super Hornet est retenu, c’est L3 Harris qui s’occupera de l’entretien. Sur la durée de vie des avions, cette portion du contrat représente de 10 G$ à 20 G$. 

De plus, Boeing s’engage à rendre le Canada entièrement autonome avec le Super-Hornet. Cela veut dire qu’à moyen terme, le pays sera en mesure d’entretenir et modifier lui-même ses avions. C’est l’équivalent de céder la propriété intellectuelle sur le type. 

SAAB offre elle aussi d’assembler les avions au Canada, dans les maritimes, ainsi que d’en céder la propriété intellectuelle. De plus, le fabricant s’engage à créer un centre d’excellence du Gripen à Montréal. Je ne doute pas de la bonne fois du constructeur suédois. Cependant, son emprise au Canada et son réseau de fournisseurs sont nettement inférieurs à ses deux compétiteurs. Il lui faudrait des années avant de s’en approcher. 

Lockheed Martin refuse toujours de faire l’entretien des F-35 au Canada et refuse d’en céder la propriété intellectuelle. C’est un point faible important de son offre. Donc, que le Canada choisisse le F-35 ou non, les retombées économiques seront les mêmes. D’ailleurs, nous sommes toujours partenaire de ce programme avec plus de 600 M$ investi. 

Enfin, je souligne que SAAB aurait approché Bombardier pour l’assemblage final du Gripen. Mais elle aussi aurait décliné l’offre du fabricant. Il semble donc que les manufacturiers d’ici aient peu d’intérêt pour l’assemblage final d’avions de chasse.

Les frais d’acquisition et d’exploitation

Le prix d’un Super Hornet est de 60 M$* et il coûte 18 000 $ de l’heure à opérer selon son fabricant. De plus, comme il s’agit d’une version du Hornet, il ne serait pas nécessaire de changer l’équipement de service au sol qui est compatible. 

Dans le cas du Gripen, le prix serait inférieur à 60 M$ et ses frais d’exploitation à l’heure demeurent difficiles à identifier. SAAB prétend que des trois appareils en compétition, c’est le Gripen qui a les frais d’exploitation les plus bas. Mais cela reste à vérifier. 

Le plus gros désavantage du F-35 est son prix unitaire de 80 M$ et ses frais d’exploitation. En ce moment, il coûte plus de 35 000 $ l’heure à faire voler. Lockheed promet de réduire la facture à 2 5 000 $ en 2025. Notez que le fabricant a manqué plusieurs cibles de réduction dans le passé. De plus, dans le futur il faudra payer le gros prix pour toutes les mises à niveau et les modifications. 

Capacité

L’avionique et la furtivité de F-35 sont supérieures à ses deux concurrents. Déployé avec le F-22, c’est un avion de première frappe et de domination de l’espace aérien. Le problème c’est que cela ne correspond pas au rôle traditionnel du Canada lorsqu’il intervient au sein d’une coalition militaire. Le pays n’a pas besoin de cet avion, à moins que nous ayons l’intention d’attaquer seuls un autre pays. 

Le Super-Hornet est partiellement furtif et son avionique est en mesure d’opérer au sein du NORAD et de l’OTAN. Il offre toute la capacité opérationnelle dont le Canada a besoin.

Le Gripen étant européen, il ne peut pas opérer au sein de NORAD. Il ne possède pas les logiciels pour utiliser une partie de l’arsenal américain réservé exclusivement à l’Amérique du Nord. SAAB prétend que cela n’est pas un problème et qu’elle sera en mesure d’obtenir l’information nécessaire. Il s’agit d’information classée « Top Secret Defense » auquel peut d’individus ont accès en dehors des États-Unis. C’est pour cette raison. Qu’Airbus et Dassault se sont retirés de la course. Je ne vois pas comment SAAB pour obtenir cette information et le Canada ne voudra certainement pas prendre le risque. 

Conclusion

Quand je regarde l’ensemble des offres faites au Canada, c’est Boeing et le F/A-18 Super Hornet qui est la meilleure. Certains diront que c’est une vieille plateforme complètement désuète. Mais pour moi ce n’est pas un argument valable et je m’explique : du point de vue structurel, les avions de chasse sont à la limite de ce qui est possible en ce moment. De nos jours, c’est l’avionique et l’armement transporté qui permet de faire la différence. Dans ce contexte, le Super-Hornet est un avion fiable qui pourra s’adapter aux systèmes du futur. Le F-35 lui aussi pourra évoluer, mais à quel prix ? Abonnez-vous gratuitement à notre chaîne YouTube en cliquant ici

>>> Suivez-nous sur Facebook et Twitter

11 avis sur “Boeing a la meilleure offre pour le Canada

  • BernardP

    Le Canada est un partenaire du développement du F35, un appareil plus axé sur l’offensive.

    Et-ce qu’on pourrait considérer une flotte mixte, disons de 40 F-35 et 50 F-18?

    C’est plus qu’initialement prévu, mais comporte plus de flexibilité d’opération.

    Quant aux coûts… Bof… Depuis quelques années, il ne semble plus y avoir aucun pays qui se préoccupe des finances publiques. Les banques centrales créent de la monnaie à volonté (« assouplissements quantitatifs ») et utilisent cette nouvelle monnaie pour acheter des obligations gouvernementales servant à financer toutes les nouvelles dépenses.

    Répondre
    • André Allard

      Bon point à propos de finances publique… Une manière de faire qui aurait sans doute réjouit Réal Caouette et Camille Samson. 😜
      Pour la flotte mixe, la RCAF est contre cette idée parce que cela augmente considérablement les frais d’exploitation. Si le gouvernement imprime de l’argent, il est toujours réfractaire à augmenter le budget de La Défense car « le bon peuple canadien » veut moins de dépenses dans ce secteur.

      Répondre
      • Dave Johnston

        Le Super Hornet est un chasseur de 4e génération qui ne pourra pas évoluer dans le temps contrairement au F35. C’est une plateforme vieille de plus de 20ans déjà….Et je ne considère même pas le fait que Boeing a tenté de tuer le CSeries et l’industrie aéronautique québécoise. Tant qu’à moi, Boeing n’est pas une option.

        Répondre
        • André Allard

          La seule différence notable entre la quatrième et la cinquième génération est la furetivité. Pour le reste c’est de la mise à jours de l’avionique embarquée. « Le F-35 c’est la voiture toute équipée qui a toutes les options et qui est la plus dispendieuse ». Le Canada n’a pas besoin d’un avion aussi dispendieux et les mises à jours vont couter un bras et seront faite aux États-Unis. En choisissant le F-35, on choisirait de perdre le contrôle sur la technologie et ont réduirait considérablement le transfert de connaissance. C’est bien beau de chiâler contre Boeing et sa plainte contre Bombardier. Mais on est pas obliger de se priver des retombées économique et du transfert de connaissance juste par frustration.

          Répondre
    • Un État peut creer autant de monnaie qu’il veut, et c’est son rôle historique.
      Mais cela a un impact sur l’inflation.
      Il faut une peu d’inflation, et c’est pour cela que le rôle des banques centrales est de piloter par rapport à rapport à ce paramètre.
      Mais le seul risque de trop faire circuler de liquidité c’est des creer une inflation incontrôlée.

      L anomalie etait qu on avait perdu la correlation entre la qte de liquidite en circulation et l inflation. (Probablement parceque tout cet argent des qe de la crise de 2008 c est retrouve dans l immobilier et en bourse, il a allimente des bulles, d ou l idee radicale de faire des cheques directement aux citoyens pour faire descendre cet argent dans l economie relle).

      Mais c est termine, ce n est plus plus le cas aujoudhuit. L’inflation est de retour.
      Si les salaires se mettent à augmenter cela va commencer à se tendre pour tous les pays fortement endetes qui vont devoir couper le robinet et payer plus cher leurs intérêts.

      En attendant, on a bien profite de cette anomalie pendant le covid, et heureusement.
      Mais il me faut pas planifier les budgets en ce disant que tout est gratuit. L atterissage va etre dur pour tout le monde et c est pour bientot.

      Répondre
  • Normand Hamel

    J’avais compris depuis longtemps pourquoi Dassault et Airbus s’étaient retirés, mais par contre je n’avais jamais compris pourquoi Saab restait dans la course. En fait Saab agit comme si on lui avait promis un passe-droit qu’on n’a pas l’intention d’accorder aux deux autres. Peut-être est-ce à cause du lien qui existe entre Saab et Boeing concernant l’avion d’entrainement T-7 Red Hawk qui pourrait lui donner éventuellement accès, si ce n’est déjà fait, aux codes de défense du NORAD. C’est que selon moi les T-7 voleront vraisemblablement en utilisant ces codes car il s’agit d’avions destinés à l’entraînement avancé des pilotes.

    Répondre
    • Nicolas

      Je ne crois pas, sur le T-7A, Boeing est le contracteur principal. Saab est partenaire mais ne participe qu’à la conception et la production du fuselage. Les systèmes proviennent tous d’entreprises britanniques et/ou américaines.

      Il faut également se rappeler que le Gripen, bien qu’étant suédois, a plus de 60% de contenu étranger provenant du Royaume-Uni et des USA, principalement concernant la motorisation (GE) et l’avionique (BAE Systems, Leonardo Selex).

      Pour le Rafale, le contracteur est français et pour le Typhoon, le contracteur principal pour l’appel d’offres canadien était Airbus Defense, basé en Allemagne. Ces 2 pays ne font pas partie de l’alliance Five Eyes.

      Je présume que Saab, en offrant l’assemblage et l’entretien au Canada, ont négocié quelque chose concernant le NORAD. Peut-être que Dassault et Eurofighter auraient pu faire de même s’ils avaient patienté un peu. Faut également voir si Dassault et Airbus était prêt à aller aussi loin que Saab pour le transfert de technologies vers le Canada.

      Répondre
  • Le problème pour les europeens n est pas forcement les munitions.
    Car le typhoon et le gripen sont capable de tirer tout l arsenal us.
    Surtout le gripen est a la base est un f16 avec un habillage suedois.

    Ce qui a bloque semble avoir ete l obligation d envoyer les avions chez un fournisseur aux usa pour l installation de logiciels us dans l avion sans avoir acces au code source.

    Donc concrettement, accepter l installation d un mouchard d une puissance portentiellement advese dans du materiel qui est sense etre souverain.

    Que diraient l Egypt ou l inde si on leur disait que pour vendre 40 avions on acceptait que les donnees de l avion tombent dans les mains d un pays non utilisateur et qui ne partage pas forcement nos interets…

    Accepter cela pour 40 avions serait faire une croix sur toute vente futur.

    Répondre
  • Pascal Grenier

    Un avion de 6e génération ?

    http://www.opex360.com/2021/06/21/lus-air-force-livre-quelques-details-sur-son-avion-de-combat-de-6e-generation/

    Étant donné que le F35 semble ne pas être approprié, dans peu de temps la nouvelle génération arrivera, et on pourrait se racheter quelques chasseurs usagés pour tenir bon jusqu’à ce que la 6e génération arrive et avoir le nouveau modèle. C’est certain qu’il sera à prix élevé mais il y aurait des économies à continuer d’opérer les anciens F18 et d’en trouver des usagés potable.

    Répondre
    • André Allard

      Il est conçu pour remplacer le F-22 Raptor qui est un avion d’attaque et de dominance aérienne que les États-Unis ont classé Top Secret Defense. Ce qui veut dire qu’il n’est pas vendu en dehors des USA. Si son successeur obtient la même classification alors le Canada ne pourra en acheter. De plus, il faut compter une bonne dizaine d’années avant que cet avion vole et 5 autres avant qu’il ne soit déclaré opérationnel par la USAF. Ce n’est qu’après que l’on pourrait en acheter.

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *