Antonov a bel et bien des intentions au Québec
Finalement, Antonov aurait bel et des intentions de coopérations avec le gouvernement du Québec. Rarement ai-je eu droit à un revirement à 180º comme celui qui vient de se produire à propos d’Antonov.
Un rappel
Le 10 juillet dernier, Le Devoir a publié un article concernant la venue possible d’Antonov au Québec. J’avais repris la nouvelle la journée même, car je la trouvais intéressante et intrigante à la fois. Le lundi suivant, j’ai envoyé une demande d’information aux relations média d’Antonov. Deux jours plus tard, j’ai reçu une réponse officielle qui démentait la rumeur de la manière suivante :
« Thank you very much for your request.
Information published in Le Devoir newspaper in the article ‘Le géant ukrainien Antonov veut atterrir au Québec’ (‘Ukrainian giant ANTONOV wants to land in Quebec’) is not true. »
Après cette réponse sans équivoque, j’ai publié et je me suis dit que le dossier était clos.
Ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini
C’est donc avec surprise que j’ai pris connaissance en début de semaine d’une publication concernant le projet d’Antonov. Le texte est sur le site de la firme de relationnistes et de lobbying Capital Hill Group. Cliquez ici pour lire le texte.
J’ai envoyé une demande d’information à Capital Hill ainsi que chez Antonov afin de savoir de quoi il en retourne. Du côté de la firme de relationnistes, on me dit que toutes les informations sont dans le texte. Pour le moment Capital Hill ne désire pas en ajouter.
Du côté d’Antonov, la réponse est encore plus claire et surprenante :
« Until present, ANTONOV Company has conducted previous negotiations with Canadian party and discussed possible directions of further cooperation on the program of a new airplane development based on deep modernization of AN-74TK-200 multipurpose aircraft. »
L’avionneur ukrainien admet donc mener une étude et des discussions avec un partenaire canadien.
Le projet
Le projet consiste à moderniser l’An-74 afin de le rendre aux normes de 2021. La présence de partenaires canadiens aurait pour but d’obtenir une certification avec Transports Canada. De cette manière, l’avion pourrait plus facilement être certifié en Europe aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Il serait question d’avoir une ligne d’assemblage au Québec et une autre en Ukraine. Dans le but d’assurer une certification canadienne, plusieurs systèmes importants proviendraient de fournisseurs canadiens, européens et américains.
Une situation complexe
Antonov est une société d’État ukrainienne dont la réputation est excellente. En 2015, le gouvernement en a transféré la propriété dans une autre société d’État Ukroboronprom. Cette dernière est une super structure qui regroupe toutes les sociétés d’État ukrainiennes de la défense.
Le premier juin dernier, Ukroboroprom a signé un protocole d’entente avec la Corporation commerciale canadienne. Cette entente porte sur une coopération dans les domaines stratégiques de la sécurité, de la défense, des munitions et de l’aérospatial.
La Corporation commerciale canadienne est un organisme canadien qui soutient les industries canadiennes afin qu’elles puissent accéder aux marchés publics étrangers. Elle sert d’intermédiaires auprès des gouvernements qui sont à la recherche de solution canadienne. La mise en place de projets collaboratifs fait également partie de son mandat.
Le rôle du gouvernement du Québec ne semble pas très clair et je cherche toujours à le savoir. J’ai envoyé quelques questions et j’espère en savoir plus dans les prochains jours. Le lobbyiste Sébastien Bonneau s’est inscrit au registre québécois à titre de représentant d’Antonov Aircraft Canada. Le programme Sprint est mentionné dans le mandat de M. Bonneau ; ce programme s’adresse aux investissements de plus de 10 M$ et créant plus de 100 emplois dont le salaire est au-dessus de la moyenne québécoise. Mais il se pourrait que d’autres options soient retenues.
Pour ce qui est du rôle de Capital Hill, il semble se limiter à créer des contacts au niveau fédéral. Mais il y a tout de même plusieurs intervenants dans cette histoire.
Analyse
Antonov compte de grandes réalisations dans le domaine de l’aéronautique. Mais comme bien des anciennes entreprises du bloc de l’est, son passage à l’économie de marché a été très difficile. Le constructeur survit malgré un manque de financement chronique. Son actif le plus rentable demeure le célèbre An-225 dont les contrats de location cargo sont sa meilleure source de revenus.
Dans sa version actuelle, l’An-74 à une charge utile maximale de 10 tonnes ou 52 passagers. Sa distance franchissable est de 950 nm avec 7,5 tonnes de cargos. C’est un avion à décollage court et qui peut atterrir sur des pistes en gravier. Mais il ne fait pas le poids contre le B727-200 qui peut transporter 15 tonnes, ou 112 passagers avec une autonomie de 1 500 nm.
L’An-74 aurait donc besoin de plus grandes ailes, un plus long fuselage et de plus gros moteurs afin d’être plus compétitif. Ce n’est pas impossible, mais cela demanderait un investissement de taille. Le problème c’est que même modernisé, il serait encore un avion de niche à faible volume. La solution pourrait être de développer une variante multirôles pour les forces aériennes. Mais là encore, la question est de savoir si l’investissement serait rentable.
Antonov a absolument besoin d’argent et dans ces circonstances elle est sans doute prête à écouter bien des propositions. La question pour Québec est de savoir quelle est la valeur de cette entreprise et comment elle peut enrichir l’écosystème aérospatial québécois.
C’est donc une histoire à suivre…
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Si on commence a changer les ailes, le fuselage et les moteurs aussi bien parler d’un nouvel avion.
A ma connaissance le seul présentement a être capable de mener un tel projet de certification au Québec est Bombardier, mais je le vois très mal investir, a moins que son rôle ne se borne a celui d’un sous-traitant.
Reste a savoir a qu’elle étape du développement Antonov est rendu, si l’ingénierie est déjà complété et qu’on cherche une mini-usine pour la fabrication c’est fort différent que si on débute à zéro, le type de partenariat recherché fera la différence a mon avis.
Le problème c’est que tant que l’on a pas les spécifications de l’avion proposé, c’est impossible d’évaluer son potentiel. Là je viens tout juste de recevoir un courriel di Ministère de l’économie et de l’innovation. Je publie une mise en jour dans les deux prochaines heures.
the crew consists of the captain, co-pilot, navigator, flight engineer !
on avance par en arrière ….
excellente analyse André et ton questionnement en plein sur son X .
en effet ce 180′ est un peu surprenant !
comment dit on F.A. Gauthier en russe ?
Pierre