Aérospatiale

American Airlines et le B737MAX

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Au cours des derniers jours, plusieurs médias ont rapporté qu’American Airlines pourrait annuler une partie de sa commande de B737MAX. Cela me paraît peu probable, voici pourquoi.

Les tergiversations de Boeing

Au début des années 2000, Boeing a commencé à réfléchir au successeur du B737 qui était son meilleur vendeur. Mais au sein de l’entreprise, plusieurs dirigeants craignaient que le coût de développement d’un nouveau monocouloir soit exorbitant. La possibilité de simplement remotoriser le B737 faisait plusieurs adeptes dans les hautes sphères de Boeing. 

Il faut se souvenir qu’en 2008, le prix du baril de pétrole avait atteint de nouveaux sommets. Après une pause en 2009, le prix du pétrole était reparti à la hausse en 2010. À cette époque, les analystes s’attendaient à une nouvelle flambée du prix de l’or noir. C’est dans ce contexte qu’au mois de décembre 2010 Airbus annonce la remotorisation de l’A320. Le fabricant promettait alors des économies de carburant de l’ordre de 20% avec l’A320neo. 

Pendant ce temps, Boeing continuait à tergiverser sur le remplacement du B737.

Le rôle d’American Airlines

Au début de 2011, American Airlines n’avait commandé que 35 A300 neufs chez Airbus. Mais l’arrivée de l’A320neo va écorcher la loyauté d’American Airlines envers Boeing.

Au printemps 2011, le président et chef de la direction d’American, M. Gerard Arpey contacte Boeing : la compagnie aérienne est sur le point de prendre une décision pour le renouvellement de sa flotte de monocouloirs. Pour M. Arpey, la proposition d’Airbus avec l’A320neo est tout simplement irrésistible. Si Boeing n’arrive pas rapidement avec une proposition, American Airlines va commander 400 A320 ceo et neo. La panique s’empare de la direction de Boeing qui se lance soudainement dans la remotorisation du B737, le B737MAX. 

Le 20 juin 2011 lors du salon du Bourget, American Airlines annonce une commande historique de 460 avions monocouloirs. La commande se répartit comme suit : 260 appareils de la famille A320 dont 130 A320ceo et 130 A320neo. American a l’option de convertir pour des A319neo et A321neo selon l’évolution de ses besoins futurs. 

American commande également 200 appareils de la famille B737 soit 100 B737NG et 100 B737MAX. l’entente avec Boeing prévoit également l’option pour différentes variantes du MAX. De l’avis général, c’est la pression exercée par American Airlines qui a incité Boeing à lancer le MAX. 

La situation actuelle d’American Airlines

American Airlines n’est pas parvenue à s’entendre avec ses financiers sur le renouvellement du financement de 12 B737MAX. Le retard dans la livraison des appareils fait en sorte que le contrat de financement n’est plus valide. La compagnie aérienne cherche également du financement pour 5 autres MAX devant être livrés après sa recertification. 

American souhaite renouveler ce contrat mais aux mêmes conditions et taux d’avant la COVID19. Cette exigence est particulière puis que la crise actuelle fait augmenter le risque de financer une compagnie aérienne. Si American ne parvient pas à s’entendre avec les entreprises de financement, elle ne sera pas en mesure de prendre les 17 appareils. 

La situation de Boeing

Boeing encaisse les annulations de commandes de MAX à un rythme de plus en plus rapide. American Airlines est un client important pour Boeing et pour le MAX. Il est donc hors de question de se croiser les bras face aux exigences du transporteur aérien américain. 

Boeing a une division qui offre une option de financement à ses clients afin de faciliter les ventes. Si Boeing désire garder American, elle devra donc fournir un financement très compétitif. Pour ma part, je n’ai pas de doute sur l’issue de la négociation en cours, American et Boeing vont trouver un terrain d’entente. 

Conclusion

Dans un monde où la devise pourrait être « In profit we trust » le symbole $ en est un de loyauté. Tant qu’une entreprise peut faire de bonnes affaires avec un partenaire, elle est loyale envers ce dernier. Dans la situation où se retrouve Boeing, maintenir la loyauté d’American Airlines va lui coûter cher. Tout au long de l’histoire du MAX, American a toujours trouvé le moyen d’en obtenir plus pour son argent. Nous assistons à une répétition de l’histoire : « si t’es pas gentil avec moi, je vais aller voir Airbus » 

Le problème pour Boeing, c’est qu’à chaque fois qu’elle consent un rabais supplémentaire à un client du MAX, elle fait baisser sa valeur. Boeing est dans une spirale avec le MAX, tôt ou tard elle va passer sous son seuil de rentabilité. Mais elle n’a pas le luxe de refuser de consentir des escomptes supplémentaires. Boeing est la seule responsable de la situation intenable dans laquelle elle se trouve. 

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8 avis sur “American Airlines et le B737MAX

  • Didier Chabanne

    wow bonne nouvelle airbus mais boeing coup dur méchant coup dur pour Boeing pareil

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  • CLAUDE BOULAY

    Si elle consent un rabais supplémentaire à un client du MAX comme American, les autres clients comme Southwest, Ryanair, Air Canada, United …. voudront le même traitement et c’est là que Boeing comprendra que c’est terminé. Il est probable qu’American ne veut pas des MAX car elle n’en a pas besoin suite à la pandémie.

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    • MarcelC.

      Il ne faut pas exclure « l’aide » gouvernementale.

      Dans les phases cruciales de leur développement ou de leurs opérations, aucune entreprise majeure en aéronautique ne peut survivre sans une intervention des pouvoirs publics.

      Les Américains voulaient bloquer la CSeries aux États-Unis sous prétexte d’un modeste prêt du fédéral. Et les voilà maintenant à inonder de milliards cette même industrie chez-eux. Sans cette aide gouvernementale, Boeing et ses clients feraient immédiatement faillite. C’est l’unique voie pour le MAX. Il doit s’imposer par l’argent des contribuables américains ou disparaître à tout jamais.

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      • toupoulou

        1″Too big to fail »
        2 Boeing sert la Défense américaine

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  • Tom Laflamme

    Pour les consommateurs la disparition de Boeing serait une chose négative, la concurrence c’est ce qui force l’innovation et de meilleurs prix entre autres, et ce même si le duopole n’est pas en guerre ouverte, les clients que sont les compagnies aériennes obtiennent des rabais substantiels en jouant sur les deux tableau, la fin de Boeing donnerait un avantage indu à Airbus qui n’aurait plus a négocier mais seulement à offrir, ça pourrait donner des prix à la hausse, bien sur ça prendra quelques années pour revenir à l’avant covid et la nécessité de plus d’appareils, mais il n’y a pas grand joueur au monde capable de prendre la place de Boeing.

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  • Laurent GRUZ

    Juste une petite précision: avant 2011, American Airlines avait commandé 35 Airbus A300-600, utilisés de 1988 à 2009.

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    • André Allard

      Effectivement cette commande m’a échappé. Merci je précise.

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      • Chams Slougui

        Personnellement, je trouve que Boeing mérite ses problèmes financiers car les déficiences du 737 MAX sont dues aux précipitations de la compagnie pour la commerciaisation. Ces derniers temps, je pense que la compagnie s’est trop orientée sur le profit, ce qui la décrédibilise face à Airbus.

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