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Airbus lance le développement de l’avion à hydrogène

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En septembre 2019, le PDG d’Airbus, M. Guillaume Faury, avait dit que l’avion zéro émission était réalisable pour 2040. Un an, une pandémie et la pression des écologistes plus tard, M. Faury revoit cet échéancier pour 2035. Airbus lance donc le développement de trois concepts d’avions commerciaux désignés sous le nom de code ZEROe.

Il est important de souligner que les trois avions présentés sont des concepts et non des produits finaux. Le terme concept désigne un avion qui sert à l’étude et à l’intégration de nouvelles technologies. La configuration finale du premier avion ZEROe qui sera mis en production pourrait être très différente. 

L’hydrogène

La combustion d’hydrogène est la solution retenue pour les trois concepts ZEROe. Airbus va donc travailler sur le développement d’un turboréacteur et d’un turbopropulseur à hydrogène. Il s’agit d’utiliser une technologie existante afin de l’adapter à l’hydrogène.

Le stockage de l’hydrogène est sans doute le plus important défi que devra relever Airbus dans le cadre ce projet. Airbus devra résoudre les problèmes de poids des réservoirs, leur dimension et la température de l’hydrogène liquide (-253 degrés Celsius). Il y a également la question de la volatilité et de l’inflammabilité de l’hydrogène qu’il faut régler. Puis il y a toutes les infrastructures de production, distribution et de stockage qu’il faudra construire. La conversion des aéroports des hydrocarbures à l’hydrogène sera dispendieuse et demandera le soutien des gouvernements. 

Pour que l’utilisation de l’hydrogène soit vraiment zéro émission, sa fabrication et sa distribution doivent l’être aussi; il faut de grandes quantités d’électricité afin d’extraire l’hydrogène de l’eau et de le concentrer. L’utilisation d’électricité issue de centrales au charbon et au pétrole doit être exclue. De plus en France, une bonne partie de l’électricité provient de centrales nucléaire. Peut-on considérer cette énergie comme « renouvelable ». Faudra-t-il mettre en place un système de traçabilité de l’énergie? 

Le turboréacteur 120-200 passagers

Il s’agit essentiellement de développer un avion à partir d’un fuselage et d’une aile traditionnels. Les réservoirs sont situés à l’arrière complètement du fuselage et derrière la cloison étanche. La distance franchissable de cet avion serait d’environ 1 100 nm ou 2 000 km. 

Airbus ZEROe-turboréacteur
ZEROe-turboréacteur

Le turbopropulseur

Ce concept reprend ceux du turboréacteur pour les adapter à un turbopropulseur. Toutefois, l’utilisation de la pile à combustible d’hydrogène est envisagée en plus de la combustion d’hydrogène par le moteur principal. L’autonomie de cet avion serait d’environ 550 nm ou 1 000 km et pourrait transporter jusqu’à 100 passagers.

Airbus ZEROe turbopropulsion
ZEROe turbopropulsion

L’aile volante

Ce concept a une capacité de 200 passagers avec une autonomie d’environ 1 100 nm ou 2 000 km. Airbus désire explorer cette configuration qui offre plus d’espace et d’options pour le stockage de l’hydrogène.

Airbus ZEROe aile volante
ZEROe aile volante

Un projet ambitieux

Airbus se lance dans un projet extrêmement ambitieux qui demandera beaucoup de ressources humaines et financières. Sur ce parcours, il y aura des revers et des succès et plusieurs douteront. L’objectif d’un premier vol commercial zéro émission en 2035 comporte un échéancier particulièrement court :

  • 2021 : première démonstration au sol d’un moteur à hydrogène afin de valider le concept.
  • 2023 : première démonstration en vol d’un moteur à hydrogène.
  • 2024 : choix de la configuration finale du moteur à hydrogène.
  • 2025 : premier vol de démonstration du moteur sélectionné.

Airbus devra également déterminer la configuration finale de l’avion au plus tard en 2028. Ce qui laisse peu de temps pour mettre au point une solution de stockage viable et sécuritaire. 

L’autre partie importante du projet ZEROe est la nécessité pour toute l’industrie d’y adhérer. Le géant européen ne pourra réussir à développer seul ce concept. Le soutien des gouvernements et des différents acteurs de l’aviation est essentiel au succès de ce projet. Airbus tente donc de prendre le leadership de la dé carbonisation de l’aviation en espérant que ses partenaires suivront. 

Conclusion

À ce stade-si, personne ne peut affirmer être certain du succès ou de l’échec du projet ZEROe. Pour ma part, j’ai toujours eu un penchant pour ceux qui osent essayer et prennent des risques; les gens et les entreprises qui ne risquent rien ne font que perpétuer l’ordre établi. Sortir notre civilisation des énergies fossiles exige de sortir des sentiers battus et c’est ce que fait Airbus. Allez! GO ZEROe GO!

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