Aéroport de Québec, une croissance qui s’essouffle
Jeudi dernier, Aéroport de Québec inc. qui gère l’aéroport Jean-Lesage, dévoilait ses résultats financiers de l’année 2016 et son chiffre d’achalandage.
En 2016, 1,615,750 passagers sont passés à l’aéroport Jean-Lesage, ce qui représente une hausse de 2,7% sur l’année précédente et une quinzième hausse annuelle consécutive. Selon les données fournies sur le site d’Aéroport de Québec inc., de 2002 à 2011 la croissance a été fulgurante avec une moyenne de 10,1%. Mais de 2012 à 2016 inclusivement, la croissance a été beaucoup plus modeste avec 3,3% de moyenne.
Si l’annonce de WestJet, qui ajoutera quatre vols quotidiens de plus entre Montréal et Québec, arrive à un bon moment pour l’Aéroport Jean-Lesage, il se pourrait bien que ses effets soit mitigés. À l’heure actuelle, 48 vols partent quotidiennement de Québec, dont 14 vers Montréal, l’ajout des 4 vols de WestJet représente une augmentation de 8,3 % du nombre total de vols et une augmentation de presque 30% entre Québec et Montréal. Mais comme les premiers départs se feront à partir du 15 juin, l’augmentation annuelle de vols pour 2017 est réduite à 4,2%.
Avec une augmentation de 30% des sièges disponibles entre les deux villes, il est loin d’être évident que le nombre de passagers augmentera de façon équivalente. On peut diviser les passagers qui prennent l’avion entre Montréal et Québec en deux grandes catégories. Il y a ceux dont la destination finale est Montréal et ceux qui veulent voyager à l’international et qui n’ont pas le choix de se rendre à Montréal-Trudeau. Si l’arrivée de WestJet fait baisser le prix de l’aller-retour entre les deux villes de façon significative, ce marché demeure marginal.
Les longs trajets dans la circulation pour se déplacer entre le centre-ville de Montréal et l’aéroport Montréal-Trudeau et la nécessité de se présenter plusieurs heures avant le départ rendent le voyagement en voiture entre les deux villes plus efficace et plus économique que de prendre l’avion. La baisse du prix des billets devrait donc avoir peu d’impact sur ce segment de marché. Pour les passagers qui veulent se rendre à l’international, le prix de la portion de trajet Québec-Montréal est déjà passablement réduit. Par exemple un vol Québec-Paris avec escale à Montréal départ le 10 avril se vend 853$ alors qu’un vol Montréal Paris lui se vend 774$ pour les mêmes dates. Comme l’arrivée de WestJet ne fera pas baisser le prix total du déplacement, là encore il ne devrait pas y avoir d’impact significatif sur ce segment de marché.
En plus, à cause des travaux de réfection majeurs sur les pistes en 2017 à l’aéroport de Québec, une restriction sur la taille maximum des appareils sera imposée à certaines périodes de la saison estivale. Déjà, Air Transat a annoncé qu’elle ne serait pas en mesure d’offrir sa liaison hebdomadaire Québec-Paris avant le mois de novembre. Ces impacts négatifs pourraient à eux seuls venir contrecarrer les effets mitigés de l’arrivée de WestJet.
Aéroport de Québec inc. s’est donné comme objectif d’atteindre 2M de voyageurs en 2020 et pour y arriver la croissance moyenne des quatre prochaines années devra être d’au moins 5,6%. C’est une moyenne ambitieuse dans les circonstances.
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Restons positif pour l’avenir
Les choses pourraient changer radicalement avec l’ouverture du centre de pré-dédouanement américain, vers la fin de 2018. Pour que cela fonctionne, cependant, les compagnies américaines devront en profiter pour offrir davantage de vols à partir de Québec vers leurs hubs des USA. Air Canada pourrait aussi ajouter des vols vers les destinations américaines sans passer par Montréal ou Toronto… par exemple avec ses nouveaux CS300.