ADM et l’art de s’autopelure de bananiser
Lors de la saison estivale 2022, le transport aérien a connu plusieurs perturbations qui ont causé bien des maux de tête aux passagers. La conjoncture de la hausse rapide de la demande et du manque de personnel est la cause principale de ces perturbations. L’intensité de ce phénomène a varié beaucoup d’une région du monde à l’autre. Bien que Montréal ait vécu son lot de perturbations, celles-ci n’avaient rien avoir avec l’ampleur de celles vécues à Londres Heathrow, Amsterdam Schiphol ou même à Toronto Pearson. ADM, qui gère Montréal-Trudeau, pouvait donc se concentrer à trouver une solution sans avoir à prendre des moyens drastiques.
Le choix d’ADM
L’une des options disponibles pour les administrateurs d’ADM aurait été de travailler avec ses partenaires afin d’améliorer la situation. Mais pour une raison que l’on ignore, cet hiver, la direction aéroportuaire a décidé de ne pas renouveler les certificats des deux entreprises qui fournissent des services au sol, Swissport et ATS. En vertu d’un processus d’évaluation, ADM a accordé une licence d’exploitation à deux nouveaux venus, Menzies Aviation et Samsic Assistance. Au moment où le choix des deux nouveaux exploitants été dévoilés publiquement, Menzies Aviation se faisait expulser de l’aéroport d’Ottawa pour la mauvaise qualité de ses services. Autrement dit, plutôt que de travailler avec les partenaires locaux afin de trouver des solutions, ADM a choisi d’importer la médiocrité.
Soulignons que ce ne sont pas toutes les compagnies aériennes qui font affaire avec des sous traitants, Air Canada et Air Transat ont leur propre service. Mais pour les 20 % des vols qui restent, les deux entreprises sélectionnées sont maintenant les seules à fournir le service. Le changement de fournisseur a débuté en avril alors que débute la haute saison des vols internationaux. La Presse a mené son enquête et les résultats sont concluants, cliquez ici pour lire l’article.
Une situation prévisible
Les conditions d’emplois dans le domaine des services aéroportuaires se sont passablement dégradées depuis 20 ans. À chaque fois qu’un nouveau contractant en remplace un autre, les employés perdent leur ancienneté et voient leurs conditions de travail être réduites avec le nouvel employeur. Quand la main-d’œuvre était abondante, il était possible de « flipper » les contrats d’un fournisseur à l’autre sans trop de perturbation. Le prix baissait, mais le service demeurait plus ou moins le même.
Mais il semble que chez ADM, l’on n’ait toujours pas pris connaissance de la pénurie de main-d’œuvre et de ses impacts. De nos jours et dans tous les domaines, les entreprises peinent à recruter et surtout à conserver les employés. Dans le cas d’un aéroport, imaginez un nouvel employé qui se retrouve à soulever des valises alors qu’il fait près de 40º avec humidex sur le tarmac. Ce sont des conditions pénibles que de moins en moins de gens acceptent d’endurer.
Les retards vont se multiplier et l’administration va continuer à trouver des excuses. C’est dommage, car les passagers sont de retour en très grand nombre, cliquez ici. La performance de Montréal-Trudeau aurait pu être excellente, mais ce dérapage vient entacher une reprise qui s’annonçait pourtant bien. ADM s’est autopelure de bananisé et dans les mois à venir, elle devra trouver des réponses plutôt que des excuses. L’arrivée d’un nouveau terminal à Saint-Hubert brise le monopole dont elle disposait. Dans le futur elle devra se mesurer au nouveau venu et cela pourrait lui nuire.
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