À quoi ressemblera le prochain avion de Bombardier ? (3ième partie)
Dans le développement de nouveaux fuselages, Bombardier a connu un succès et un cuisant échec au cours des dernières années. Le succès du fuselage du C Series lui vient de l’alliage très résistant d’aluminium-lithium, qui permet d’en réduire le poids alors que son coût de production n’est pas trop élevé. L’utilisation de ce nouvel alliage pour le prochain avion est donc une option fort attrayante.
Avec le fuselage tout en composite du Lear-85, Bombardier a connu un échec cuisant avec des résultats très incertains qui ont compté pour beaucoup dans la perte de 1,4G$ que l’entreprise a inscrite dans son bilan en janvier 2015 lorsqu’elle a mis le projet au rancart. Si pour plusieurs, le projet d’un fuselage tout en composite semble mort et enterré, « il ne faut jamais dire jamais ».
Les exigences en aviation d’affaires tendent vers des avions qui peuvent décoller sur des pistes de plus en plus courtes ce qui demande des performances exceptionnelles qui passe par une réduction de poids des avions. Dans ce contexte difficile, ressortir des boules à mites la technologie utilisée pour le fuselage du Lear-85 pourrait être utile, surtout qu’une partie importante du coût de recherche et développement a déjà été comptabilisée et ne serait donc pas reportée sur le nouveau projet.
Une autre technologie importante développée avec le C Series est le système de gestion de l’état de l’avion (AHMS) qui permet de savoir en temps réel quelle est sa condition mécanique. L’AHMS enregistre et analyse plus de 5 000 paramètres permettant de savoir quel est l’état d’usure de plusieurs composantes essentielles et puisque ces informations peuvent être transmises au sol en temps réel, il en résulte une importante économie de temps d’entretien. Moyennant quelques modifications, L’AHMS pourrait remplacer les fameuses boîtes noires, avec en prime une transmission des données en temps réel qui permettrait aux enquêteurs en accidents de débuter leur travail avant même que la carcasse de l’avion ne soit retrouvée. Cette technologie est définitivement la voie du futur.
Parmi les autres technologies que compte le C Series, il y a les freins qui sont contrôlés par un système électrique un peu comme avec les commandes de vol où, là encore, l’élimination du système hydraulique permet une réduction de poids. La prochaine évolution serait probablement d’avoir des moteurs électriques à la place des freins qui permettraient à la fois de freiner et de faire circuler l’avion au sol sans avoir à faire tourner les deux moteurs principaux.
Dans le prochain texte, nous regarderons les considérations d’ordre commercial qui pourraient guider Bombardier dans le choix de son prochain avion.
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« Avec le fuselage tout en composite du Lear-85, Bombardier a connu un échec cuisant avec des résultats très incertains qui ont compté pour beaucoup dans la perte de 1,4G$ que l’entreprise a inscrite dans son bilan en janvier 2015 lorsqu’elle a mis le projet au rancart. »
C’est près de trois milliards de dollars que Bombardier a englouti dans le développement du Lear 85. Contrairement à ce que certaines personnes peuvent croire ce n’est pas le C Series qui a amené la compagnie au bord du gouffre mais bien le Lear 85. Cet avion futile et inutile a grandement retardé le développement du Global 7000. Ce dernier est un avion qu’il était pourtant nécessaire et urgent de produire, car entretemps cela a permis au G650 de Golfstream de prendre à BBD une bonne part du marché des gros avions d’affaires. Il s’agit donc d’une grave erreur de jugement de la part des dirigeants de Bombardier car cela les aura privé de l’importante source de revenus qu’aurait pu générer beaucoup plus tôt le Global 7000 qu’il ne pourra maintenant le faire. Cela aurait également permis de soutenir le C Series à une étape critique de son développement. C’est qu’il est forcément beaucoup plus long d’amortir le développement d’un avion comme le C Series car les marges sont beaucoup plus minces sur un avion commercial que sur un avion d’affaires.
Pour le coût du Learjet, je ne sais pas mais le Global 7000 devait attendre la fin du développement du Cseries pour profiter des nouvelles technologies de ce dernier. Donc, le Learjet n’y est pour rien dans le retard du nouveau Global.
Bon point pour la technologie du C Series. Mais j’aimerais bien savoir à quel niveau précisément. Je sais qu’il a été question des ailes à un moment donné, mais je ne sais pas de quelle technologie du C Series a pu bénéficié le Global exactement. En ce qui concerne les coûts de développement du Lear 85 le montant total s’élève à 2,7 milliards de dollars. C’est à dire $2,700 millions à la poubelle. C’est ce qui a amené Bombardier au bord de la faillite. Je maintiens que cet argent aurait pu servir à lancer le Global beaucoup plus tôt. Cela aurait permis une meilleure transition avec les modèles précédents. Compte tenu de la baisse de production le manque à gagner est énorme. Tans mieux si le 7000 est meilleur qu’il ne l’aurait été sans les avancés du C Series, mais ce retard a malheureusement permis à Golfstream de rattraper Bombardier et de la déloger du premier rang dans la catégorie des avions d’affaires. Par contre cette pénible situation commencera à se rectifier graduellement à partir de la fin de 2018. La prospérité de Bombardier repose désormais sur le C Series et le Global 7000. Le reste est du gravy sur la poutine. 🙂
Je crois que ce dont le Global 7000 aura le plus bénéficié est la technologie des commandes de vol qui a été développée pour le C Series. Seulement ça serait suffisant pour justifier le retard de son développement. Je pense maintenant que c’est un sacrifice qu’il valait la peine de faire car le Global 7000 devrait dominer longtemps le marché des avions d’affaires haut-de-gamme. Merci à GM d’avoir porté à mon attention ce point important.