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La pénurie de pilotes chez les transporteurs régionaux

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Les transporteurs régionaux sont en général beaucoup plus affectés par la pénurie de pilotes. La grande majorité des pilotes qui y travaillent sont en attente de faire le saut chez un transporteur de premier niveau. Avant l’arrivée de la pénurie, ils embauchaient des pilotes ayant en moyenne plus de 2 000 heures de vol. Il était rare de voir un pilote passer à gauche sur un Dash8 s’il avait moins de 5 000 heures de vol. De nos jours, les pilotes ayant une telle expérience sont presque tous rendus chez un transporteur de premier niveau. Il y a des pilotes d’expérience qui choisissent de faire carrière chez un transporteur régional, mais c’est une minorité. 

Jazz

Avec plus d’une centaine d’appareils en exploitation, Jazz est de loin. Le plus gros transporteur régional canadien. À chaque fois qu’Air Canada embauche, Jazz embauche. Cela fait belle lurette que Jazz a considérablement réduit ses critères d’embauche. Avec plus de 1 000 heures de vol, un jeune pilote se voit convoqué en entrevue presque systématiquement. 

Afin d’améliorer ses chances de trouver les bons candidats, Jazz a signé plusieurs ententes passerelles avec des écoles de pilotage. Les écoles qui font partie de ce programme offrent toute une formation intégrée. Il peut s’agir d’un diplôme d’études collégiales, d’une attestation ou d’un équivalent, ces programmes offrent un extra qu’apprécie Jazz. Les meilleurs étudiants de ces programmes ont droit à une entrevue de présélection. Par la suite, ils débutent leur carrière en tant qu’instructeurs de vol à l’école de pilotage. Ils sont souvent embauchés avant même d’avoir atteint le seuil de 1 000 heures de vol. 

Le programme passerelle à permis à Jazz d’éviter le pire lors des périodes de forte embauche chez Air Canada. Mais le problème demeure quand il s’agit de pourvoir des postes demandant plus de 3 000 heures de vol. En effet, Air Canada n’hésite plus à recruter les pilotes ayant ce niveau d’expérience. 

Air Creebec, Air Inuit et Pascan

Les trois transporteurs régionaux québécois ont profité de la pandémie pour refaire le plein. Mais l’accalmie tire à sa fin avec la reprise des activités chez Air Canada et Air Transat. Ces trois compagnies reçoivent suffisamment de C.V. de pilotes ayant moins de 500 heures de vol. Pourvoir les postes de débutant n’est pas vraiment un problème. Mais il leur faut aussi recruter des pilotes ayant entre 1 500 et 2 000 heures. 

Les transporteurs régionaux doivent donc mettre au point des stratégies afin de retenir les pilotes plus expérimentés. Il leur est impossible de compétitionner avec les salaires des grandes compagnies. Il faut donc tabler sur les avantages autres : le fait de ne pas opérer de long vol sur plusieurs fuseaux horaires en est un entre autres.

 Afin de trouver des candidats de qualités pouvant cheminer rapidement, il va falloir imiter Jazz. Les ententes passerelles permettent de recruter de bons débutants qu’ils pourront garder quelques années. Ce n’est qu’une question de temps avant que ces transporteurs régionaux signent des ententes avec des écoles de pilotage ; à la condition que celles-ci offrent une formation de niveau collégiale. 

PAL

PAL est originaire des maritimes et opère une base à Montréal depuis plusieurs années. Jusqu’à récemment, elle avait réussi à conserver ses pilotes les plus expérimentés qui sont presque tous originaires des provinces atlantiques. Mais les départs à la retraite la rattrapent et la pénurie ralentit ses plans de croissance. Cela fait quelques années qu’elle aussi embauche des pilotes ayant à peine 500 heures. Le problème c’est de les garder. 

Nolinor

Les opérations aériennes chez Nolinor Aviation sont stables et la croissance se fait toujours à un rythme modérer. La solution imaginée par ce transporteur est plutôt originale. Elle fournit la formation à ses employés au sol qui veulent faire carrière. Il est donc possible d’y travailler comme employé de rampe puis d’y suivre une formation complète de pilote. En effet, l’entreprise est propriétaire de tous les équipements nécessaires : du monomoteur léger jusqu’au simulateur de vol de B737-200. Cette méthode semble combler les besoins de l’entreprise.

Chrono 

Le groupe Chrono Aviation compte plusieurs filiales et l’on peut affirmer qu’elle est intégrée verticalement en matière de transport aérien. Elle possède compagnies aériennes dans tous les types de certificats d’exploitation : école de pilotage, avions de 9 passagers et moins, avions de 10 à 19 passagers et lignes aériennes jusqu’au B737. 

Sa principale base d’opérations et son école de pilotage sont à Québec. L’entreprise est donc en mesure de recruter localement. Les recrues peuvent y faire un cheminement complet. Donc, pas de signe évident de pénurie de pilotes chez Chrono.

Voilà qui complète le tour des transporteurs aériens régionaux. Le prochain texte sera consacré aux transporteurs de troisième niveau : « là où ça fait mal ! » Abonnez vous gratuitement à notre chaîne YouTube en cliquant ici

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2 avis sur “La pénurie de pilotes chez les transporteurs régionaux

  • François Bouchard

    Il y cinq ans, je m’occupais de la réfection de la piste à Nemiscau. J’avais eu l’occasion de parler un peu avec un pilote d’Air Creebec qui passait par là. La conversation, à plusieurs personnes, avait bifurquer sur les conditions salariales et j’avais été estomaqué d’apprendre qu’un capitaine sur leur Dash 8 ne gagnait que 50k$/an chez Air Creebec.

    C’est pas mal difficile d’attirer du monde pour travailler avec ce salaire-là. On était un groupe à badiner avec le capitaine, des chauffeurs de camion, des opérateurs de machineries lourdes, des signaleurs routiers, le chef d’escale, etc, et le moins payé du groupe, c’était le capitaine de l’avion. Quand la personne qui pilote l’avion gagne moins que le gars qui chauffe le 10-roues, il y a un problème quelque part.

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    • André Allard

      La situation a bien changé depuis. Impossible d’attirer un Pilote d’expérience avec un tel salaire de nos jours.

      Répondre

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