YQB présente son plan d’action
Le PDG de l’Aéroport de Québec (YQB), M. Stéphane Poirier a présenté aux médias son plan de relance pour sortir de la crise.
La situation actuelle
YQB a été très durement touchés par les effets de la COVID19 sur le transport aérien. Pourtant, l’année 2019 avait bien débuté avec une augmentation de 8 % du nombre de passagers en janvier et février. Puis à partir de mois de mars les passagers ont déserté les avions et les aéroports. Pour 2020, la baisse du nombre de passagers est de 84% et elle pourrait être encore plus prononcée en 2021. M. Poirier estime que ce n’est pas avant 2024 que YQB reviendra au volume de 2019.
Afin de faire face à la nouvelle réalité, YQB a procédé à une réorganisation en profondeur; l’objectif étant de réduire de manière permanente ses coûts d’opération. L’aéroport a réduit ses effectifs de 30 % et ses coûts d’opération de 36 %. Mais pour un aéroport, certaines dépenses importantes comme le déneigement et le service des incendies sont incompressibles. Malgré les économies récurrentes, YQB anticipe un déficit cumulatif de 96 M $ d’ici 2024. À partir de 2025, l’aéroport devra utiliser ses surplus d’opération afin de rembourser cette dette additionnelle.
Le plan de relance de YQB sur cinq axes
Le plan de relance de YQB repose sur cinq axes bien définies :
L’optimisation de la zone de chalandise :
La zone de chalandise c’est le rayon géographique où se trouvent les passagers potentiels de l’aéroport. Avant la pandémie, près de 1,3 millions de passagers par année choisissait de se rendre à un autre aéroport pour prendre l’avion. L’une des principales raisons invoquées était le tarif élevé du stationnement longue durée.
La grille tarifaire du stationnement sera révisée et des incitatifs seront offerts aux agences de voyage.
La consolidation de la desserte régionale
Le groupe d’intervention sur le transport régional, mis sur pied par Québec, a identifié YQB comme plaque tournante afin d’optimiser le réseau. L’amélioration de la desserte régionale va contribuée rendre la ville de Québec plus attrayante pour les liaisons internationales. Les installations aéroportuaires actuelles peuvent prendre plus de vols et aucun investissement n’est nécessaire.
La mise en place d’un centre logistique intermodal
Seulement 1 % du fret aérien du Québec passe par YQB et 96% du volume passe par les deux aéroports montréalais. Sur une période de cinq ans, il serait possible de doubler le volume actuel de 2 000 tonnes par année. La mise en place d’un centre logistique intermodal et l’augmentation du cargo permettrait aux transporteurs régionaux d’avoir plus de revenus; M. Poirier souligne que le fret pourrait fournir des revenus équivalents à 3 ou 4 passagers par vol régional. Cette augmentation de revenus serait très utile afin de garantir la survie des transporteurs régionaux.
Le projet pourrait démarrer dès l’été prochain et la facture s’élèverait à 25 M $. En mai dernier, la direction aéroportuaire a présenté une demande d’aide de 12,5 M $ au Fonds national des corridors commerciaux. La première réponse était que le projet se qualifiait, mais depuis plus rien. Fidèle à lui-même, le gouvernement Trudeau laisse trainer plutôt que de fournir une réponse. De son côté, le gouvernement québécois travaille avec la direction aéroportuaire afin de compléter le financement de l’autre moitié.
Aménagement d’un parc aéroportuaire
YQB possède 1,2 million de mètres carrés qu’elle désire aménager en parc industriel. L’aménagement de ce parc est complémentaire au développement de la zone logistique intermodale; la proximité de l’aéroport est très utile aux entreprises qui font beaucoup de commerce international. De plus, les revenus de location du parc permettraient de diversifier ceux de l’aéroport.
Afin de faire les aménagements de la première phase, il faut un investissement de 10 M $. Des discussions sont en cours avec différents partenaires afin d’obtenir le financement. Ce projet pourrait également être lancé dès l’été prochain.
Mise en service d’un centre de prédédouanement américain
En plus du coût des aménagements de 75 M $, YQB devra assumer le salaire des douaniers américains. Dans le contexte actuel, l’aéroport n’a pas les moyens de soutenir les opérations annuelles du centre de prédédouanement. Avant la pandémie, Québec recevait 300 passagers américains par jour; il en faudrait 1 000 par jour juste pour payer les douaniers.
Disons que ce projet est complexe et qu’il faudra beaucoup de patience à la direction de YQB avant que le centre soit en opération
Analyse
Avant de présenter son plan aux médias, M. Poirier avant pris le temps de le présenter aux élus de la région de Québec ainsi qu’aux partenaires commerciaux. Personne n’est sortis afin de décrier le projet et c’est déjà un très bon signe.
Pour ma part je constate que le projet repose sur le développement du transport régional et du fret aérien : après la COVID-19, le succès de l’industrie du transport aérien passera par le fret; même Air Canada a décidé de remettre sur pied sa division tout cargo après plus de 20 ans. La nouvelle orientation de YQB est donc en ligne avec les transporteurs aériens.
Avant de se lancer dans une croissance internationale, un aéroport doit d’abord développer son marché régional. Les vols régionaux sont à la base du développement aéroportuaire. L’afflux de passagers supplémentaires venant d’autres régions permet de remplir les vols internationaux. C’est encore plus vrai pour une ville de la taille de Québec. Le désir de YQB de travailler avec les transporteurs régionaux est donc de bon augure.
Dans l’ensemble, c’est un bon plan de relance, espérons qu’il fonctionnera.
>>> Suivez-nous sur Facebook et Twitter