Aérospatiale

Industrie Aérospatiale: David Chartrand s’exprime

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Les Coordonateur québécois du syndicat des machinistes, M. David Chartrand, s’exprimer dans une lettre ouverte au sujet de l’aide du fédéral à l’industrie aérospatiale et au transport aérien.

Voici la lettre dans sa version intégrale:

Prendre soin de ce qui nous tient à cœur

Ne pas hésiter à prendre soin de ce qui nous tient à cœur et qui est important pour nous est le meilleur moyen de pouvoir en profiter longtemps. En regardant ce qui se passe avec l’industrie aérospatiale et le transport aérien au Canada, il y a lieu de se demander si prendre soin de ces deux industries et des gens qui y travaillent est une priorité pour le fédéral. 

Directement exposés à l’une des plus graves crises de leurs histoires, ces deux piliers économiques sont en péril. Depuis maintenant 8 mois que ça dure et le fédéral n’a toujours rien proposé de concret pour maintenir à flot ces deux secteurs.  Pourtant des centaines de milliers de famille à travers le Canada dépendent de l’aérospatiale et du transport aérien pour avoir un toit sur la tête et du pain sur la table.

Des travailleuses et des travailleurs inquiets, anxieux et en colère

Au fil de mes 30 ans d’implication syndicale dans l’industrie aérospatiale et le transport aérien, j’ai eu le privilège de rencontrer des gens passionnés, courageux et visionnaires. J’ai aussi pu y réaliser toute l’importance et le potentiel que représentent ces secteurs pour les femmes et les hommes qui y travaillent ainsi que pour notre société. 

Dire que ce que nous vivons en ce moment est extrêmement difficile pour eux est bien peu dire. Le degré d’incertitude et de précarité dans lequel se retrouvent l’aérospatiale et le transport aérien est visible partout. Suspension des vols, interruptions d’activités, déficits records, vagues de licenciements, annulation, réduction ou reports de commandes, tous les ingrédients sont réunis pour faire en sorte que plusieurs industries n’arrivent pas à se relever. 

Au-delà des considérations économiques, cette crise est génératrice de drames humains. Alors que ceux qui ont encore un emploi se demandent chaque jour si ce sera leur dernière journée de travail, du côté des entreprises ils sont de plus en plus nombreux à penser mettre la clé dans la porte. 

Que ce soit pour un travailleur, dont l’emploi est le principal revenu de la famille ou pour l’entrepreneur de PME qui a multiplié les sacrifices pour bâtir son entreprise, la pression est devenue insoutenable. Au bord du gouffre, ils sont inquiets, anxieux et en colère, et je les comprends. 

Ils sont en colère parce que malgré l’urgence de la situation et les nombreux appels à l’aide depuis le printemps dernier, le gouvernement fédéral n’a toujours rien à proposer. Alors que tous les clignotants sont au rouge, tout ce que le ministre des Transports, Marc Garneau trouve à dire c’est que ça s’en vient. 

Questionné en Chambre par le député du Bloc Québécois Simon-Pierre Savard-Tremblay, il a affirmé : « Il est rare que je me fâche, mais quand un collègue me fait la leçon sur l’industrie aérospatiale au Canada, je n’accepte pas ce genre de commentaires puisque c’est un secteur que je connais très bien, y compris au Québec. Comme je l’ai mentionné, nous travaillons sur un plan d’ensemble. Que veut-il? » Ce qu’il veut, M. Garneau? C’est la même chose que ce que le Syndicat des Machinistes ainsi que l’ensemble des autres acteurs du secteur demandent, une politique pancanadienne de l’aérospatiale ainsi qu’un plan d’aide au transport aérien. 

D’ailleurs, si M. Garneau connait si bien le secteur pourquoi mettre autant de temps avant d’accoucher d’un plan? Au rythme où vont les choses, nous risquons d’avoir un vaccin pour le COVID-19 avant d’avoir une stratégie pour le secteur aérospatial et le transport aérien. Si c’est le cas, il pourrait ne plus rester grand-chose à sauver quand il va sortir un lapin de son chapeau. 

Intervenir de façon concertée et responsable

Sans un secteur du transport aérien en bonne santé, le tourisme et l’hôtellerie demeureront fragiles. Sans redynamiser notre industrie aérospatiale, c’est une partie de notre secteur manufacturier et de notre économie du savoir qui est menacée. Plus nous attendons avant de les aider, plus nous risquons de compromettre notre capacité à reconstruire l’économie canadienne.

Cela dit, ce n’est pas parce que le temps presse que le ministre Garneau ne doit pas prioriser nos intérêts. À ce sujet, certaines de ces décisions nous ont déjà coûté cher.

Comme en 2016, avec la modification de la Loi sur la participation publique au capital d’Air Canada. Cette loi, mise en place par Marc Garneau, avait libéré le transporteur de ses obligations d’opérer les centres d’entretien de ses avions à Montréal, Winnipeg et Toronto. Cette démarche avait légalisé la perte de 2 600 emplois au Canada. Pour justifier l’injustifiable, il avait déclaré que « les gestes récemment posés par Air Canada poussent le gouvernement à faire confiance à l’entreprise sur sa gestion des activités d’entretien ». Le ministre faisait alors référence à l’intention d’Air Canada de commander 45 C-Séries (A220) et de créer des centres d’excellence à Montréal et Winnipeg pour leur maintenance. Presque cinq ans plus tard, on attend toujours les centres d’excellence et les emplois alors qu’Air Canada vient de retirer 12 A-220 de sa commande. Est-ce que ces gestes récemment posés par Air Canada lui donnent toujours autant confiance?

Ottawa a le devoir d’exiger des garanties à la hauteur de ce qu’on doit s’attendre d’un gouvernement responsable et respectueux du bien commun. Encore là, on ne peut pas dire que ses intentions sont toujours claires à ce sujet.

Prenons le dossier du remplacement des CF-18. Alors que l’octroi de ce contrat, d’une valeur de 25 milliards, traine depuis 20 ans, il est quasi impossible d’avoir une idée précise des intentions du fédéral en matière de retombées économique, industrielle et technologique pour le Canada. 

Enfin, j’espère que malgré tout le Ministre Garneau proposera un plan responsable qui ira dans le sens des intérêts et des priorités de l’ensemble des citoyens. Par contre, lorsque je l’entends nous dire qu’il négocie actuellement un plan avec ces secteurs, alors qu’il a montré peu d’intérêt à rencontrer les représentants des travailleuses et travailleurs et qu’on ne sait pas avec qui il discute, ça m’inquiète.

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6 avis sur “Industrie Aérospatiale: David Chartrand s’exprime

  • Tom Laflamme

    Le ministre Garneau ne fait que gagner du temps en attendant un vaccin, pour lui l’industrie ne mérite pas un plan d’urgence, comment interpréter autrement l’absence du ministre de la scène publique depuis le début de la crise en Mars, ça fait maintenant plus de 8 mois et il n’y a toujours rien en vue, s’il avait voulu, il aurait déjà rencontré tout le monde, il aurait au moins une ébauche sur la table, notre industrie mérite mieux qu’un ministre absent qui temporise les problèmes en espérant que ceux-ci disparaîtront d’eux-même.

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  • Jean Francois Guevremont

    Le syndicat se preocupe d’une seule chose COTISATION SYNDICALE. Parle jamais des employés qui sont paresseux, qui font de la non qualité, etc. A force de toujours vouloir focuser sur la quantité des cotisations au lieu du travail, le syndicat a fait que niveller par le bas la productivité des travailleurs, donc les jobs disparraissent pour etre relocalisés.

    Je suis au plan 3 et il y a une minorité de travaillant productif, car la majorité ne fait que chialler contre la compagnie, se plaint car le superviseur leur demande de travailler… C’est la culture de celui et celle qui travaille le moins, on parle au lieu de travailler, on regarde des films sur son Cellulaire, on prend 15 minutes de plus lors du lunch, 10 minutes de plus a la pause, on va fumer une cigarette en dehors des pauses. Pour une majorite c’est la pire compagnie au monde, ils et elles oublient que des jobs de 35$ a 46$ de l’heure sont rares.

    Entendre des syndiqués, J’AI ASSEZ DONNÉ, pour justifier leur laxisme, me donne mal au Coeur. Il n’est pas rare de voir des employés travailler un gros 2 heures par jour, mais attention si il manque 5 minutes sur sa paye. Ils ne font que chialler, « cahiers pas assez heures, instructions sont pas clair, manque des pieces, manque outils, le boss est fatiguant, etc. ». Sans oublier ceux et celles qui se mettent des heures de côté la semaine a temps regulier et entre a temps double le dimanche pour cloacker ses heures, mais il a passé la journée sur son Cellulaire.

    J’ai jamais vu autant de grief pour protéger des employés qui ont volé du temps, des outils, des canettes vides, du mobilier, faire de la non qualité, etre non productif, sans oublier ceux qui ont des problemes d’assiduité ou absentéisme.

    Syndicat pointe toujours la direction, les gouvernements pour porter le blâme, a quand un syndicat qui cesser de proteger les Pleutres et Paresseux qui nuisent a la productivité.

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    • Tom Laflamme

      @ Jean Francois Guevremont

      La situation chez Bombardier n’est pas entièrement de la faute du syndicat, l’employé en est responsable, le patronat aussi, ce fiasco est un gros travail d’équipe.

      Le patronat a depuis longtemps baissé les bras, c’est plus facile d’abdiquer et de délocaliser que de se battre pour sauver des emplois de gens qui ne voient même pas la qualité et la chance qu’ils ont.

      Je travaille chez Bombardier depuis fort longtemps, des paresseux il y en a mais il y a aussi beaucoup de gens travaillant, il y a des gens qui ont ça a cœur, l’excuse du syndicat est bien pauvre, la compagnie a engagé des paresseux et n’a pas fait le tri, les personnes travaillante ne deviennent pas paresseuses parce que syndiquées.

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  • Claude

    M. Guevremont. On voit la même chose avec des employés non-syndiqués qui passent leur temps à se « créer » des jobs bidons. La lenteur des décisions prises est abérrante. Si depuis des années vous essayez de changer les choses et que quelqu’un de la direction vous bloques, un jour ou l’autre vous devenez blazé… J’ai 28 ans d’ancienneté et je me demandais pourquoi lors de mon embauche en 1992 tant de gens étaient démotivés, j’ai finis par comprendre que lorsque qu’une idée vient des gens de plancher (syndiqués) c’est tout de suite mis au rencart. Donc ce que vous voyez dans l’usine c’est tout simplement ce que Bombardier veut.

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