1 G $ de déficit pour 4 aéroports canadiens ?
Cette semaine, deux des quatre plus grands aéroports canadiens ont dévoilé leurs résultats de 2020. Serez-vous surpris d’apprendre que ceux-ci ont enregistré un déficit record? Le Greater Toronto Airports Authority (GTAA) a encaissé un déficit de 383,4 M $ en 2020. Pour sa part, Aéroport de Montréal rapporte une perte de 234, 4 M $ durant l’année de la COVID-19. Ces deux administrations aéroportuaires totalisent à elles seules un manque à gagner de 617,8 M $.
C’est en avril que Vancouver et Calgary dévoileront leurs résultats financiers de 2020. Ces deux administrations complètent le quatuor des quatre plus grands aéroports canadiens. C’est sans surprise que ces deux administrations vont annoncer un déficit record elles aussi; en septembre dernier, Vancouver a emprunté 600 M $ afin de couvrir ses besoins. Le déficit des deux aéroports de l’Ouest canadien devrait atteindre au moins 300 M $. Il atteindra donc plus de 900 M $ et pourrait même franchir le cap du milliard.
Les infrastructures à la dérive
Le réseau national des aéroports a été créé en 1994 lors de l’adoption de la politique nationale des aéroports. Il comprend 26 aéroports qui sont tous la propriété de Transports Canada. Mais la gestion est confiée à des organismes locaux qui payent un loyer à son propriétaire. Cette politique repose sur le principe de l’utilisateur payeur; les aéroports du réseau facturent donc les compagnies aériennes pour les services qu’elles utilisent. Afin de payer pour les améliorations aux installations, les aéroports peuvent demander un Frais d’améliorations aéroportuaires (FAA).
Avant le début de la pandémie, ce système fonctionnait relativement bien. Mais depuis mars 2020, les aéroports du réseau ont vu fondre leurs revenus comme neige au soleil. Si bien qu’aujourd’hui, toutes ont connu un déficit important en 2020. Pendant ce temps, le gouvernement n’a toujours pas mis au point un programme de soutien pour les grands aéroports.
À chaque jour qui passe, la situation financière des aéroports canadiens se dégrade un peu plus. Les aéroports sont des infrastructures essentielles au bon fonctionnement du transport aérien; mais en ce moment ils doivent lutter pour leur survie. Après la crise, ils seront endettés et leur capacité d’agir sera grandement réduite par le poids de leur dette. Les compagnies aériennes seront également affectées par l’incapacité des aéroports à soutenir de nouveaux besoins.
Vers une privatisation?
Lors du premier mandat du gouvernement Trudeau, la privatisation complète des aéroports canadiens avait été invoqués. Mais l’opposition à ce projet avait amené le gouvernement à mettre le projet sur la glace. Est-ce possible qu’à Ottawa les libéraux soient toujours intéressés à se départir des aéroports?
Imaginez le scénario : Ottawa ne fait rien et les aéroports canadiens s’endettent au point où une intervention s’impose. Plutôt que d’investir des milliards dans le réseau des aéroports, Ottawa les mets en vente soit disant pour les sauver. Les revenus de la vente serviraient alors à éponger la dette des aéroports. Mais au bout du compte, qui ferait les frais de cette privatisation?
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